Homélie pour le 32e dimanche du Temps ordinaire – 6 novembre 2022
2 Martyrs d’Israël / Psaume 16 (17) / 2 Thessaloniciens 2,16 – 3,5 / Luc 20, 27-38
Enfants de la Résurrection!
C’est le mois de novembre. Les feuilles sont tombées. On dirait que la vie s’arrête dans la nature. Les oiseaux sont partis. Plus rien ne bouge dans les bois. Dans le monde des hommes et des femmes, on parle des disparus. La guerre, là-bas en Ukraine, fait des centaines de morts dans les deux camps. C’est triste à mourir! Des populations meurent victimes des sécheresses, de la famine, des guerres civiles. Les changements climatiques nous font peur. Quand allons-nous disparaître? Serait-ce pour toujours?
Nos esprits et nos prières de croyants et de croyantes se tournent vers le Dieu des vivants, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui, disons-nous, qui tient en ses mains notre sort. Il nous appelle à vivre, c’est ce que nous savons de lui.
Quelque chose en nous ne veut pas mourir. Nous voulons vivre toujours; heureux et en bonne santé, si possible. C’est bien ce que nous souhaitons à nos amis. Quelque part nous savons, et c’est même une évidence, que nous allons mourir un jour, que notre corps est en péril chaque jour. Et bientôt il ne sera plus viable, plus capable de porter nos rêves, nos pensées, nos ambitions, notre vie spirituelle, affective, personnelle. Et alors qu’adviendra-t-il de nous?
Nous avions, dans la 1ière lecture, au 2ième livre des Martyrs d’Israël, le témoignage héroïque des jeunes gens d’une même famille, éprouvés à mort pour leur foi, à cause de leur fidélité à la Loi juive. Victimes de leur croyance, ils sont plongés dans des souffrances atroces et mortelles, alors même qu’ils professent qu’ils ressusciteront par la puissance de Celui qu’ils servent en sa Parole. De la résurrection de leur corps, ils ne savent rien d’autre que ce que leur dicte la foi, l’inspiration divine du moment. Leur témoignage devient pour nous Parole de Dieu. Leur foi entraine la nôtre, lui donnant un précieux contenu, un vigoureux encouragement.
L’Évangile, à partir de la question piège, somme toute assez légère, des Sadducéens qui ne croient pas en la résurrection, nous emmène, avec la réponse de Jésus, dans ce monde inimaginable pour nous de l’au-delà de la mort physique. Ce que Jésus s’applique à nous dire, c’est que tout est tellement différent de l’autre côté. La réalité nouvelle à laquelle il faut nous attendre ne sera pas spatio-temporelle comme celle qui caractérise notre condition humaine présente. Il ne faut donc pas nous attendre aux mêmes contraintes, aux mêmes types de relation, aux mêmes modalités d’existence. Ce sera le monde de la communion, de l’amour parfait, dans l’intériorité, l’intimité et la familiarité divines.
Jésus n’élabore pas davantage. Nous sommes par nature tellement limités avec nos pensées terrestres, nos imageries sensibles trop dépendantes de l’univers physique où nous sommes. Notre horizon est fermé pour le moment. Le sujet nous dépasse.
Ce qu’il nous faut retenir, c’est que notre appel est grand, il est immense. Nous sommes en soif d’amour, de paix, de joie infinie. Retenons donc que ce ne peut être que de Dieu nous recevons la vie, la grâce de vivre, et que lui seul peut nous faire accéder à cette vie qui n’aura pas de fin, qui est éternelle. Sachons que c’est dans le Christ, mort et ressuscité pour nous, c’est par lui, en lui et pour lui que nous aurons accès au monde nouveau du Royaume pleinement accompli. D’où l’importance de nous attacher à lui, de faire mémoire de sa Pâques dans l’Eucharistie qui nous rassemble en son Nom. Pour le reste, nous sommes dans une prudente et sage ignorance. Faisons confiance à Celui en qui le Christ s’est abandonné aux jours de la Passion. Il est son Père et notre Père. Il est grand et tout-puissant, infiniment miséricordieux celui qui nous appelle à vivre avec lui pour toujours.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC