3e dimanche de Pâques (18 avril 2021)
Homélie pour le troisième dimanche de Pâques – le 18 avril 2021
Actes 3, 13-15.17-19 / Psaume 4 / 1 Jean 2, 1-5a / Luc 24, 35-48
Parlons-en !
« Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux. » S’il suffisait de parler de ceux qu’on aime pour qu’ils apparaissent devant nous, ce serait formidable! Nous avons pourtant ici la preuve qu’avec le Seigneur Jésus, ça marche comme ça. Il est là au milieu des siens quand ils sont rassemblés en son nom, quand ils parlent de lui, alors que lui-même leur réchauffe le cœur.
Nous pensons davantage, par les temps qui courent, à ces réalités dont on aimerait ne plus avoir à parler ou qu’on souhaiterait voir disparaître à force d’en parler. Je veux dire la fameuse pandémie! Nous aimerions bien vite passer à autre chose. Le sujet pourtant s’impose. Garder le silence, nier sa présence, ce serait faire le jeu du coronavirus, et ça nous mettrait encore plus « à risque » si on n’en parlait pas...
Pour les réalités du monde spirituel et les mystères de la foi chrétienne, c’est un peu la même chose. Mais alors c’est le désir et la soif que nous en avons qui nous poussent à en parler et non pas la peur et le danger. C’est un effet positif que nous cherchons, ce sont des fruits bienfaisants de paix, de joie et d’amour que nous espérons cueillir à force d’y croire et d’y penser. La merveille et la puissance de Pâques sont telles qu’il nous suffit de leur faire de la place dans nos cœurs, de nous en laisser instruire, pour que le grand Mystère aussitôt nous rejoigne. Pâques remplit le monde de son élan et il prend vite force en nous pour peu que nous lui en donnions la chance.
Le Christ ressuscité veut nous rencontrer nous aussi comme il a fait pour ses apôtres le premier soir. Il se manifeste toujours de façon humble et surprenante. « Les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître à la fraction du pain. » Nous le découvrons dans ses témoins, dans ceux et celles qui l’ont vu, qui ont mangé et
bu avec lui. Nous le découvrons dans les Écritures, dans ce qu’elles nous disent de lui, dans l’Eucharistie.
Vous avez entendu, dans l’Évangile du jour, ce qu’il a fait aussi ce soir-là. Ces gestes d’amitié le Seigneur les accomplit aussi pour nous. Il se montre en vérité quand nous sommes ensemble à cause de lui. Il nous montre ses mains et ses pieds blessés à jamais par les clous. Il remplit nos esprits de bon sens et de lumière. « Pourquoi êtes-vous bouleversés? Pourquoi ces pensées en vos cœurs? » Le Ressuscité prévient nos doutes; il chasse nos peurs. Il nous rejoint dans nos questions et nos préoccupations. Il nous prend à témoin de son amitié, de son projet, de sa mission. Il nous confie son précieux témoignage de miséricorde et de pardon pour que chacun se convertisse.
Il me semble que je retrouve tout ça dans le partage qu’il m’est donné de vivre le samedi matin depuis quelques semaines. Nous nous retrouvons, 12-15 personnes sur vidéo-conférence, pendant une heure autour de la parole de Dieu. J’avoue que j’éprouve du bonheur à retrouver ces gens qui savourent la parole, qui s’en émerveillent, qui s’en nourrissent spirituellement. Malgré la distance et le peu de lien que nous avons entre nous, une présence bien réelle et une force nous réunissent. Je me dis que c’est lui, le Seigneur, qui fait cela pour nous, qui est présent au milieu de nous.
Ne le cherchons pas ailleurs. Il est dans les Écritures, dans nos assemblées, dans la prière et le service, dans le don de soi et l’amour fraternel. C’est lui qui se livre en tous nos partages. C’est lui qui alors nous parle. Sa présence prend chair et forme dans nos frères et sœurs. Nos cœurs en sont brûlants. Oui, le Vivant nous étonnera toujours! Il fait de nous ses témoins à la face du monde.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, Q