Homélie du deuxième dimanche du Carême – 5 mars 2023
Genèse 12, 1-4a / Psaume 32 (33) / 1 Timothée 1, 8b-10 / Matthieu 17, 1-9
Un Phare dans la nuit!
Qui ne s’est pas émerveillé devant la puissance d’une haute montagne? Qui n’a pas rêvé d’en faire un jour l’escalade ? Dans la Bible, les montagnes sont souvent à l’honneur! Pensons à Moïse après la sortie d’Égypte. Il laisse les Hébreux camper au pied du Sinaï pendant que lui, il ira là-haut à la rencontre du Seigneur. Il en redescend lumineux, transformé par cette expérience. Pensons au prophète Élie qui, fuyant la persécution d’Acab et de Jézabel, se rend à la montagne de l’Horeb. Il y fait la rencontre de Dieu!
Jésus aime gravir les montagnes. Il y va souvent pour prier. Ce jour-là, il avait pris avec lui trois disciples. C’était peu de temps après la 1ière annonce de sa Passion. Pierre avait d’abord reconnu en lui « le Messie de Dieu, le Fils du Dieu vivant ! » Jésus, sans nier l’affirmation de son disciple, avait mentionné qu’il lui faudrait souffrir les persécutions, les maltraitances et la mort. Tout en ajoutant qu’il ressusciterait le 3e jour.
Les disciples avait mal pris cette annonce. Ils ne comprenaient pas. On imagine la tristesse et l’inquiétude qu’une pareille déclaration avait suscitées chez eux. Jésus leur avait même dit qu’il fallait que ses disciples s’attendent au pire, eux aussi, s’ils voulaient le suivre. C’est donc avec le cœur bien gros et l’âme en peine que les trois disciples suivent leur maître vers un haut sommet ce jour-là. Ils étaient comme nous sommes quand nos projets tombent à l’eau, quand rien ne va plus avec notre vie; quand nous sommes déçus, découragés.
Mais voici qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. Deux personnages fabuleux, Moïse et Élie sont là, qui parlent avec leur maître. Lui-même il est tout lumineux. Pierre, tout à fait ravi, y va d’une suggestion : il parle de dresser trois tentes, une pour son maître, une pour Moïse, l’autre pour Élie. Mais une nuée lumineuse s’étale à leurs yeux jusqu’à les couvrir tous. Une voix déclare : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand la nuée disparaît, il ne reste que Jésus seul pour les rassurer.
Pierre Jacques et Jean venaient d’être les témoins d’une scène merveilleuse. Jésus leur demande pourtant de n’en parler à personne avant sa résurrection. C’était leur dire qu’ils comprendraient le sens de cette vision seulement après Pâques. L’évènement de la transfiguration du Seigneur leur livrerait alors son plein message : Jésus était plus que Moïse, plus qu’Élie, il était le bien-aimé de Dieu. Le Père prendrait un soin jaloux de son Fils. Cette révélation sur la montagne devient un point d’ancrage pour la foi des premiers disciples et la nôtre. Elle nous donne de prendre conscience de la profondeur du mystère du Christ. Moïse et le prophète Élie qui disparaissent dans la nuée pour laisser place au seul Jésus, nous donnent à penser que le Christ accomplit à lui seul la Loi et les Prophètes. Il vient combler l’espérance d’Israël et la nôtre. Il apporte réponse à la longue attente de toute l’humanité, de tous les hommes et femmes de bonne volonté.
La transfiguration était déjà une percée du divin, une échappée de lumière dans notre monde. Elle était une anticipation de Pâques. Et pourtant elle prend tout son sens dans le Mystère de la passion, la mort et la résurrection du Christ. La transfiguration n’a pas fini de produire son fruit. Elle se répercute aujourd’hui encore en toutes ces petites lumières qui brillent dans notre nuit. Quand nous sommes tourmentées par la peur et la tristesse, quand nous sommes affligés de peines, quand surviennent le doute et trop de questions dans nos esprits, le Père encore nous fait signe. Gracieusement dans le silence, dans notre prière, dans l’Eucharistie, dans notre charité fraternelle et de bien d’autres manières, il nous manifeste sa divine présence, son amour de toujours. Il produit pour nous lumière et sens qui nous donnent de continuer notre marche croyante à la suite de son Fils vers le Royaume qu’il nous a préparé.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC