Première homélie pour le dimanche 22 janvier 2023 – L’Unité chrétienne
Isaïe 1, 12-18 / Psaume 41 (42) / Éphésiens 2, 13-22 / Matthieu 25, 31-46
Communion d’amour!
« Apprenez à faire le bien, recherchez la justice »1
Nous prions en ce dimanche pour l’unité des disciples du Christ, pour ce rêve d’unité qui est gravement compromis par les différences manifestes entre les diverses confessions qui regroupent présentement les disciples du Christ à travers le monde. Chacune des confessions chrétiennes se distinguent entre elles, et par rapport à nous qui sommes de foi catholique. Ce sont les Églises protestantes, les luthériennes, calvinistes, évangélistes, anglicanes, orthodoxes et bien d’autres. Toute cette gamme de variations entre les diverses communautés étale nos différences et nous éloigne les uns des autres.
Pourtant, S. Paul nous a ramenés à l’unique essentiel, qui est notre foi dans le Christ Jésus, lui qui a versé le même sang pour nous tous, qui a offert sa vie sur la croix, une fois pour toutes, pour nous tous. Saint Paul nous fait bien voir, dans le Christ, la source de l’unité que nous pourrions bâtir : unité en un même Seigneur, unité dans l’Esprit qui nous est donné. L’unité nous parait inatteignable, si nous nous en tenons au seul plan de l’intégrité d’une même profession de foi. L’unité qui serait une conformité dans la doctrine unanimement reconnue est un objectif pour le moment difficilement réalisable.
Or, le texte évangélique que nous venons de lire nous fait considérer la possibilité d’accéder bien vite à une véritable communion entre les Églises. Bien sûr, il s’agit toujours de notre lien fondamental avec le Christ, le Christ vivant qui nous accompagne et qui nous dit à tous ses priorités. Priorité à la vie, priorité de l’engagement de nos vies à sa suite pour la justice et la bienveillance à l’égard de tous les humains.
La parabole que nous venons de lire, dite du Jugement dernier, vient à la toute fin des paroles de Jésus, en S. Matthieu, comme son dernier mot, les dernières volontés de
Jésus. Cette allégorie nous livre la pensée ultime du Seigneur, son attente principale, son regard profond sur chacun de nous au moment d’évaluer nos existences.
Quand le Fils de l’homme va venir, voici ce sur quoi il nous appréciera : non pas sur nos prières, sur notre orthodoxie de pensée théologique, non pas sur les sacrements que nous aurons célébrés, non pas même sur nos perfections personnelles. Il nous jugera sur la compassion que nous aurons eue pour ceux et celles qui sont dans le besoin. Jésus fixe nos yeux et nos cœurs et nos mains sur les blessés de la vie, les nécessiteux, les malades, les infirmes, les prisonniers. Il va jusqu’à se solidariser personnellement avec eux, jusqu’à s’identifier lui-même à ces miséreux dont il veut que nous en prenions le plus grand soin en son nom, comme si c’était lui.
Aucune Église particulière ne peut se dérober à cet appel du Seigneur, tellement il est précis, pointu, incontournable. Voilà ce que nous pouvons faire ensemble, ou tout au moins en même temps, avec une égale intensité, un semblable empressement, une pareille compassion. Nous pouvons passer à la vitesse grand V de l’unité entre les Églises chrétiennes par notre engagement en communion de charité, au service du prochain malheureux. Il est là le commandement que nous fait le Seigneur. C’est là qu’il nous attend, se disant lui-même en quête de notre compassion, de notre amour vrai. Il n’a que faire de nos intransigeances doctrinales. Il nous invite plutôt à l’humilité et à la vérité de nos réelles convergences de charité et de justice au service du prochain démuni.
Marchons donc vers le Seigneur, à sa suite, en allant résolument vers ceux qu’il aime et qu’il nous confie. « Apprenons d’abord à faire le bien ensemble. Recherchons d’abord la justice ensemble. » Agissons ainsi chacun pour notre part, et de concert si nous le pouvons! Alors pourra venir plus facilement, et de surcroît, l’unité des cœurs, des pensées, la communion visible de toutes les communautés chrétiennes.
1 Thème proposé par le Conseil des Églises du Minnesota, USA, pour la semaine de prière de janvier 2023. Le texte est tiré d’Isaïe 1, 17.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, Q
Deuxième homélie pour le 3ième dimanche du temps ordinaire – 22 janvier 2023
Isaïe 8, 23b - 9, 3 / Psaume 26 (27) / 1Corinthiens 1, 10-13.17 / Matthieu 4, 12-23
Premiers pas significatifs !
Dans les rencontres que nous faisons avec d’autres personnes, les premiers gestes, le premier regard, les premières paroles sont souvent déterminantes. Des signaux attirent ainsi notre attention et nous donnent déjà des indications sur nos relations possibles avec telle personne. Il y a là comme un premier message qui engage la suite.
On se rappelle peut-être le soir du 13 mars 2013, quand le pape François, tout juste élu en remplacement de Benoît XVI, s’est présenté à la fenêtre du palais du Vatican donnant sur la Place St-Pierre pour saluer la foule. Il nous a dit des mots d’une grande simplicité; il annonçait beaucoup d’humilité, allant jusqu’à demander pour lui la bénédiction de tous ces gens, alors même qu’on attendait de lui qu’il nous bénisse. C’était, du coup, annoncer une proximité, une douceur, une humilité qui ne se sont jamais démenties. Le pape François est bien celui que sa première parution nous a fait voir.
Ainsi en est-il dans l’Évangile de ce dimanche, qui nous montre les débuts du ministère de Jésus. Ses premiers mouvements. Ses premiers gestes. Ses premières paroles. Les orientations qu’il prend. Tout cela nous dit déjà ce que Jésus va, par la suite, nous révéler de lui-même et de Celui qui l’a envoyé.
L’arrestation de Jean-Baptiste est un signal pour Jésus. Il se retire en Galilée. C’est la région où il a grandi, là-haut dans les collines, à Nazareth. Mais il ne revient pas à Nazareth, le village tranquille de son enfance; il prend plutôt résolument le chemin de Capharnaüm, une cité sise au bord du Lac de Galilée. C’est une ville grouillante de monde, où passent beaucoup de gens, venus de tous les coins du Moyen Orient. C’est un carrefour humain, une plaque tournante. On dirait Montréal ou Québec! Il y passe beaucoup de monde. Nous comprenons que Jésus s’expose ainsi à rencontrer les gens. Il ne s’isole pas dans le désert. Il est venu pour eux tous. Sa mission les concerne.
Les premières paroles de Jésus reprennent avec insistance les mots du prophète Jean Baptiste. C’est un appel répété à la conversion : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » Et tout de suite, il se met à l’œuvre. Il fait les premiers contacts en vue de s’adjoindre des disciples. Il ne veut pas être seul. Il veut les associer à sa mission. Il a déjà en vue l’Église qui va le prolonger, amplifier son rayonnement, partager sa mission, la Mission qu’il a reçue du Père : nous sauver tous des ténèbres du péché et de la mort.
Et ses yeux s’arrêtent sur Pierre et André, des pêcheurs en train de pêcher. Il les voit déjà pêcheurs d’hommes. Ce qu’il est lui-même! On s’étonne de voir ces bons hommes répondre aussitôt PRÉSENT! à l’appel du Seigneur. Comment ont-ils pu se décider aussi vite? Cela nous surprend. Mais là aussi, il y a un signe. Signe de l’importance du projet! Signe de l’autorité du Seigneur! Signe d’urgence! Signe d’un mouvement intérieur suscité par l’Esprit! Ils sont prêts. Ils ont entendu l’appel à se convertir, l’appel à le suivre. Et ils ont répondu. De même pour Jacques et Jean, devant les yeux admiratifs et résignés de leur père Zébédée.
Le Seigneur Jésus vient vers nous qui sommes peut-être dans la peine et les ténèbres. Il paraît comme une grande lumière qui donne du sens à nos vies. Il nous appelle à nous convertir. Tout cela nous invite à la confiance, à nous mettre en mouvement vers lui. Le Seigneur nous appelle à « réinitialiser » nos vies dans le sens de son Règne qui vient, qui se fait proche, qui passe en nous. Le Seigneur nous appelle à nous engager à sa suite. Prendre le risque de le suivre, c’est lui faire confiance. C’est nous garder libre pour aimer comme lui. C’est apprendre, au fur et à mesure des circonstances de la vie, ce qu’il attend de nous. Ce sera pour beaucoup aller dans le courant profond de ce que nous vivons déjà. Mais avec, au cœur, l’espérance du Royaume, la joie de l’Évangile, la présence de l’Esprit qui nous guide, nous fortifie, nous inspire.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, Q