Homélie pour la Fête de l’Épiphanie du Seigneur – le dimanche 8 janvier 2023
Isaïe 60, 1-6 / Psaume 71 (72) / Éphésiens 3, 2-3a.5-6 / Matthieu 2, 1-12
Lumière jusqu’au bout du chemin!
L’histoire des Mages, toujours aussi fascinante, toujours aussi passionnante! Elle nous touche, parce qu’elle ressemble tellement à ce que nous vivons, à ce que nous pouvons vivre. Ces hommes nous inspirent, eux qui, avec audace et persévérance, s‘aventurent loin de chez eux pour le bonheur de trouver Celui pour qui ils étaient partis.
Ils ont ressenti un appel, ils ont vu un signe dans l’étoile qui leur est apparue. Leur long et sinueux déplacement nous intrigue pourtant. En ferions-nous autant? Qu’est-ce qui les pousse à partir aussi résolument? Quelle force? Quel instinct? D’où leur vient cet intérêt irrépressible d’aller voir le roi des juifs qui vient de naître? Qu’est-ce qu’ils pressentent de lui pour partir ainsi à sa recherche? Simple curiosité? Où prennent-ils leur souffle, leur élan, leur détermination? Qui cherche-t-il au juste? Dieu lui-même n’est-il pas en train de s’inviter dans leur vie? Sinon pourquoi se donneraient-ils tant de peines, entreprendraient-ils ce long voyage, avec le risque de ne pas trouver? Ils ne le chercheraient pas s’il ne l’avait déjà trouvé, se plairait à dire S. Augustin.
Quand un jeune garçon monte dans un pommier pour saisir une pomme, c’est parce qu’il a déjà goûté au fruit de l’arbre. Il grimpe là-haut parce qu’il a faim et qu’il veut retrouver la saveur du fruit, le bonheur de le croquer à nouveau. De même si nous avons en nous le goût de Dieu. Notre quête de sa présence nous met en état de recherche. Comme Marie Madeleine retournant au tombeau, au matin de Pâques, pour retrouver Jésus le crucifié, pour le toucher, le saisir. Sa patience, sa persistance, sa souffrance lui feront trouver le Christ, le Ressuscité. Elle en pleurera de joie!
Pour les Mages, on voit bien que tout le reste est une conséquence. Ils ont vu l’étoile. Ils l’ont interprété comme un appel. C’était plus fort qu’eux. Il fallait qu’ils se mettent en route. Il leur fallait aller jusqu’au bout.
L’étape de Jérusalem, c’était leur chance! C’était aussi une épreuve. Ils risquaient d’y être piégés, d’être instrumentalisés par le soupçonneux roi Hérode. Ainsi en est-il pour l’étudiant qui cherche la vérité et poursuit sa réflexion. Il s’expose à son professeur, à tel influenceur qui peut le sauver ou le perdre. Il lui faut du discernement, de la docilité, une liberté intérieure et un bon maître pour penser juste et vrai. Nous avons le vertige à penser que parfois la confusion est semée plus que la vérité, que des intérêts mesquins s’interposent et mènent à la dérive. Oui, vive les vrais serviteurs de la vérité! Vive les prophètes! Vive la foi du Peuple de Dieu! Vive la Parole qui nous instruit! Qu’elle nous protège des intrigues, des déviances intellectuelles, de toutes perversions dans notre marche!
Voilà le message de l’Épiphanie : chercher avec humilité la lumière pour la trouver. Chercher le Seigneur lui-même, qui depuis toujours nous attire. Nous exposer à la surprise qu’il nous fait. Il n’est pas Celui à qui nous pensions d’abord. Il n’est pas le Dieu puissant, autoritaire et sévère que nous avions imaginé. Non! Voici l’Enfant et sa Mère. Le Christ ne nous est pas donné tout seul. Il est avec Marie, sa Mère. Le Christ est humble et pauvre, petit comme nous. Il est notre Frère, Dieu avec nous! Il est venu comme un des nôtres. Sa Mère, notre Mère, nous le donne à contempler dans la joie de l’avoir trouvé et de pouvoir l’adorer, de pouvoir lui offrir nos présents et comprendre qu’il nous faudra repartir par un autre chemin, chemin de justice et d’amour, chemin d’Évangile, avec dans nos cœurs la Paix qu’il nous donne, la joie de sa présence.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, Q