Homélie du 29e dimanche du temps ordinaire – 16 oct. 22
Exode 17, 8-13 / Psaume 120 (121) / 2 Timothée 3, 14 – 4, 2 / Luc 18, 1-8
La prière du Juste!
Ce soir-là, quand Josué rentra au camp, à la suite de la victoire qu’il venait de remporter contre les Amalécites, il a certainement félicité ses hommes pour leur force et leur vaillance. Ils se sont bien battus! Josué était par ailleurs informé du partage des tâches qu’avait décidé Moïse. Son maître irait prier là-haut sur la colline pendant que lui et sa troupe combattraient les Amalécites. L’histoire nous dit que Moïse, sur la colline, mena si longtemps sa prière que ses bras levés vers le ciel en étaient fatigués. Il avait fallu aider Moïse à maintenir son geste de suppliant. On devine l’émerveillement de tous d’apprendre le rôle décisif de la prière de Moïse pour l’issue heureuse de la bataille. L’événement avait une couleur pascale. Il préfigurait déjà le Mystère de Pâques!
Croyons-nous vraiment que Dieu peut faire quelque chose dans nos combats, qu’il peut nous soutenir dans la poursuite de nos projets ? Avons-nous assez de foi pour tenir dans la prière? Arrivons-nous à prier sans nous décourager? Savons-nous que nous pouvons compter sur la prière des autres? Savons-nous bien que quelqu’un, longtemps après Moïse, a mené lui aussi le combat de la prière, jusqu’au bout, sans jamais l’interrompre. Et que maintenant encore nous pouvons miser sur sa démarche d’intercession qui nous vaut, à elle seule, toutes les victoires dont notre foi pourrait avoir l’audace? Avons-nous compris la puissance de la prière du Christ, l’intime connexion de son Mystère pascal avec l’issue victorieuse de nos combats? N’est-il pas notre Sauveur? Notre Rédempteur? C’est la foi, la confiance que nous mettons dans le Mystère du Christ qui est ici en cause. Sa prière, le don de sa vie une fois pour toutes, ont fait des merveilles. Car Dieu, le Père plein d’amour et de miséricorde n’a pas fait attendre son Fils quand celui-ci le priait sur son chemin de croix. De même il ne nous fait pas attendre quand nous nous recommandons à lui au Nom de son Bien-aimé. Il nous exauce sur le champ, il nous sauve à l’instant, parce qu’il est miséricordieux envers lui, parce qu’il nous aime infiniment en lui. Il est son Père et notre Père!
C’est ce que tend à nous montrer finalement la petite parabole racontée dans l’évangile d’aujourd’hui. Dans un premier temps, elle sonne un peu étrange. Pouvons-nous imaginer plus grande disparité? Un juge parfaitement inique et sans morale d’une part, et une pauvre veuve sans recours et sans appui d’autre part. À force d’insister la veuve finit par obtenir justice. Elle y a mis patience et ténacité sans jamais se décourager. Bien sûr tout pourrait finir là. Nous aurions appris qu’il faut tenir dans la prière. Qu’il faut y mettre du temps et de la patience. C’est déjà fort utile de le savoir! Mais les paroles de Jésus, faisant suite à la parabole, nous donne de voir l’étonnant paradoxe : le Père est la contrepartie du juge inique! Nous comprenons que Dieu se tient à l’infini opposé de ce juge inique. Il est Amour et Miséricorde. Bien loin de nous faire attendre, il prend les devants.
Voilà la bonne nouvelle de ce dimanche, celle de tous les dimanches : Jésus a fait en sa personne l’expérience d’être exaucé par le Père. Il s’est placé au plus bas, il a pris la position de la veuve éplorée, sans ressource et sans aucun avantage, nous montrant un chemin d’humilité et de patience par où passer. Et c’est ainsi que dans le Mystère de sa mort et de sa résurrection, il nous donne accès aux biens du Salut pour toujours. Lui qui est parfaitement ajusté à la volonté du Père, il nous ajuste en lui à cette volonté. Entrer en prière véritable, c’est, par la foi, prendre appui sur le Fils, c’est lui confier notre sort, nos besoins, nos misères, nos peines et nos combats. Il assume tout en sa personne. Et c’est en lui que nous avons toutes grâces et toutes bénédictions.
L’efficacité de notre prière elle est là : dans la victoire du Ressuscité! Tenons-nous donc avec lui dans la foi, le regard tourné vers le Christ en croix. La réponse viendra sans tarder. Bien mieux, elle est déjà venue. Le Père agit en nous et nous transforme par l’Esprit. Il nous a sauvé dans le Christ. Prier, c’est faire de la place à Pâques dans notre vie!
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, Q