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Drolet
05 févr. 2024
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Homélie pour le 5e dimanche du Temps ordinaire – 7 février 2021
Job 7, 1-4.6-7 / Psaume 146 (147) / 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23 / Marc 1, 29-39
Emportés par l’Évangile !
Vous avez certainement déjà observé le jeu des vagues sur un plan d’eau. Supposons la surface calme d’un étang, et qu’on y jette un caillou. On voit tout de suite, à partir du point « zéro », le point de chute, une onde se former et s’étendre en cercles successifs sur toute la surface disponible. Le train des vagues, avec une fréquence et une amplitude, variant selon l’importance de l’impact initial, finit par rejoindre les rivages même les plus éloignés.
L’Évangile que nous venons de lire nous présente la Bonne Nouvelle du Christ en expansion, comme une onde qui se propage. Il y a d’abord le point de départ, très local et isolé à première vue, d’une maison. Puis vient une première bordée qui touche toute la ville de Capharnaüm. Enfin la vague généreuse et forte de l’Évangile prend de l’élan pour rejoindre les villages des alentours, et même toute la Galilée. Suivons le mouvement du récit et nous y verrons l’Évangile en expansion dans le monde!
« Aussitôt sortis de la synagogue, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et André », C’est le jour du sabbat. Le temps sacré du repos. Le temps de l’intimité et de la convivialité. Le temps de prendre soin les uns des autres. Quelqu’un est malade? On en parle à Jésus qui se fait proche : « Il saisit la malade par la main et la fait lever. » Elle reprend ses fonctions d’hôtesse et elle se met à servir les invités. Nous avons là l’image de la communauté ecclésiale, où tous nous sommes guéris par le Christ, ressuscités avec lui et désormais en état de service les uns à l’égard des autres. Et c’est le rêve accompli d’une vie simple, humble et joyeuse, pleine d’amour et de paix pour tous.
Or, les choses n’en restent pas là. L’Église ne s’enferme pas dans le convivial et le privé, derrière des portes closes. La scène se déplace. La communauté s’ouvre à tout le milieu ambiant. « Le soir venu, après le coucher du soleil – ce n’est donc plus le Jour du Sabbat – on amène à Jésus tous les malades et les possédées. » Et c’est l’interminable
séance de guérison, de libération. L’onde de choc est lancée. C’est le rayonnement, le décentrement : la sortie s’amplifie. Il y a tellement à faire pour le bonheur et le relèvement de tous ces gens. Les portes s’ouvrent sur la file interminable de ceux qui ont besoin. Jésus est là. On peut penser que les disciples s’activent à ses côtés, improvisant gestes et paroles d’encouragement, d’entraide. C’est aussi l’image de nos sociétés en quête de meilleurs soins de santé, d’une meilleure éducation, de services sociaux plus adaptés, d’une économie plus saine, d’un monde plus juste et plus fraternel. Le Christ et ses disciples et tous les gens de bonne volonté s’y intéressent activement. C’est une vague en expansion qui apporte justice et partage, sens et lumière, joie et liberté, concorde et communion.
Et voici le lendemain, dans le calme du matin, le temps nécessaire de la prière et de l’intériorité. Pour y trouver des forces neuves, s’enquérir de la volonté du Père. Serait-ce pour un retour dans le même village? Non! Jésus le dit avec force. S’Il est sorti, c’est pour aller ailleurs et plus loin. La Bonne Nouvelle est pour tout le monde. Le projet d’humanisation qu’elle dessine ne fait pas de « sur place ». Elle n’a pas de limite. Elle n’est pas le privilège de quelques-uns. Elle est pour tout le monde. Elle ne saurait s’arrêter tant qu’elle n’a pas rejoint tous les milieux, tous les temps, tous les gens. Tant mieux si notre époque et celles qui viennent sont, elles aussi, évangélisées. Peut-être y aura-t-il des interférences? De ces moments où la diffusion a l’air de se perdre? Mais le Christ et ses disciples sont toujours là, à pied d’œuvre, pour le service de l’Espérance du Royaume. La Bonne Nouvelle est en expansion, qui offre à chacun et chacune de vivre plus d’amour et de fraternité, de se mettre au service de la paix et du Salut pour tous. L’Évangile appartient à toute l’humanité. Le Christ nous entraine dans le chantier immense d’un monde toujours à bâtir. « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile! » nous rappelait Saint Paul. « C’est une mission qui m’est confiée… Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC
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Drolet
22 janv. 2024
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Homélie pour le 3ième dimanche du Temps ordinaire - 21 janvier 2024
Jonas 3, 1-5.10 / Psaume 24 (25) / 1 Corinthiens 7, 29-31 / Marc 1, 14-20
Parole de Lumière et de Vie !
« Venez à ma suite, je vous ferai devenir pêcheurs d’homme. » C’était la chose à laquelle ils s’attendaient sans doute le moins. Pareille invitation est surprenante, inattendue pour ces hommes qui vivaient tranquillement de leur pêche, eux et leur famille. Ils étaient à l’ouvrage, pensant probablement aux profits qu’ils allaient faire si la pêche était bonne, C’était leur gagne-pain, souvent aléatoire dans les résultats. Vivre de la pêche. Rêver de gros poissons. Envahir les étals du marché. C’était leur ambition! C’était l’horizon dans lequel ils évoluaient. Ils nous ressemblaient tellement !
C’est là où le Seigneur Jésus les a rejoints. Son rêve à lui, il était immense! Il dépassait tous les quotidiens, tous les métiers, tous les horizons d’humanité. C’était le rêve d’un grand amour, d’un monde nouveau. Lui, Jésus de Nazareth, l’envoyé du Père, le Fils de Dieu, pourrait-il convaincre ces hommes de le suivre et de s’engager avec lui pour cette aventure de la foi dont il parlait, pour cette conversion qu’il prêchait, pour ce Royaume dont il annonçait la proximité, pour cette heure dont il déclarait qu’elle était venue?
Simon et André, Jacques et Jean, eux, n’attendaient sans doute rien d’autre que de pouvoir vivre leur petit bonheur en paix avec les leurs. Ils étaient habités comme tout le monde, du vague espoir d’une vie meilleure, d’un bonheur plus grand qui les comblerait un jour. C’est alors que Jésus prend initiative. Il leur parle : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Ne sachant pas ce dans quoi ils s’embarquent, ils le suivent. Et les voilà partis avec lui. Pour le meilleur et pour le pire, et pour leur plus grand bonheur à la fin !
Quoi dire de cette Parole qui nous est proclamée aujourd’hui, en ce dimanche de la Parole, sinon qu’elle se dit justement dans ses intentions et ses capacités, dans les effets merveilleux qu’elle produit? Elle nous dit qu’elle est pour l’espérance des hommes et des
femmes de tous pays, de toutes langues. Elle nourrit les cœurs et les esprits d’énergie divine. Elle les met en route, dans l’Espérance. Au temps voulu elle réalise ses promesses.
Cette Parole de Dieu, nous en avons vu la puissance dans ce qui arrive à Ninive ; une mission impossible de miséricorde à laquelle le prophète Jonas a du mal à consentir. C’est l’éloge d’un Dieu compatissant et tout-puissant, qui produit par son Verbe des effets étonnants de conversion, de retournement des cœurs. « Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. »
Cette Parole, dans la 1ère lettre de Paul aux Corinthiens, prend à rebours nos attachements, nos certitudes, nos appuis, nos plus grandes affections, non pas pour les nier ou les détruire mais pour les mettre en perspective sur l’horizon plus vaste du Royaume : « Le temps est limité! Il passe, ce monde tel que nous le voyons. »
Enfin la Parole, c’est Jésus de Nazareth proclamant la Bonne Nouvelle et le bonheur d’y croire. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Il appelle à se tourner vers Dieu et vers le don qu’il nous fait, qui est le Christ. Parole forte qui touche les cœurs et les délivre d’eux-mêmes. Parole qui invite à suivre Jésus : « Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Parole qui s’engage et accompagne, qui donne de participer à plus grand que soi : « Laissant leurs filets, ils le suivirent. »
D’où l’importance des mots et des images par lesquels Dieu nous rejoint. Ce langage est porteur d’énergie spirituelle, de lumière et d’amour! Dieu dit avec nos mots la sollicitude qu’il nous porte. Il assume nos cultures, notre histoire. Il prend nos chemins. Portée dans le cœur et l’esprit de milliers de témoins, sa Parole touche et féconde notre réalité, nos rêves, nos souffrances, nos amours. Elle les met en réelle perspective avec ce Royaume qu’elle fait advenir. Voilà comment la Parole est trésor pour nos âmes, confidence intime à méditer, chemin à suivre, lampe sur nos pas.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC
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Drolet
15 janv. 2024
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Homélie pour le Deuxième dimanche du Temps ordinaire – 14 janvier 2024
1 Samuel 3, 3b-10.19 / Psaume 39 (40) / 1 Corinthiens 6, 13c-15a.17-20 / Jean 1, 35-42
Seigneur, où demeures-tu ?
Il m’est arrivé souvent dans mon ministère pastoral récent de visiter les résidents d’un Centre d’Hébergement pour Soins de Longue Durée (CHSLD). Une part importante de mon travail reposait sur la qualité des contacts personnels que je pouvais vivre avec les gens. Chaque première rencontre était pour moi un défi. C’était toujours un moment délicat, une étape sensible et déterminante pour la suite. Il n’y a pas deux histoires pareilles. Il fallait me présenter, dire pourquoi j’étais là, anticiper les questions : que faites-vous ici? D’où êtes-vous? Qui êtes-vous? Il s’agissait d’établir un rapport de bienveillance et de confiance entre le résident et moi, une relation chaleureuse, aussi amicale que possible. Quand on me disait à la fin d’une première rencontre : « Vous reviendrez! » C’était déjà bon signe.
« Que cherches-tu? » C’est la question qui nous creuse en dedans, qui ouvre la porte à la vérité et au sens de nos rencontres. C’est la question avec laquelle Jésus accueille les deux disciples de Jean Baptiste qui veulent maintenant le suivre. Ils sont intrigués sans doute par les propos de leur maître au sujet de ce galiléen.
Le prophète en effet venait de leur dire que Jésus était l’Agneau de Dieu. Or, dire de quelqu’un qu’il est l’Agneau de Dieu, ce n’était pas banal! C’était une déclaration importante dans le contexte de la foi juive. Dire de Jésus de Nazareth qu’il était l’Agneau de Dieu, c’était dire qu’il prenait sur lui les péchés des hommes, qu’il allait sauver les pécheurs de la mort en offrant lui-même sa vie; c’était dire qu’il apporterait le Salut promis. Autant dire qu’il était le Messie attendu!
Celui dont l’évangéliste écrivait dans son Prologue qu’il était le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu qui a pris chair, voici que Jean le présente comme l’Agneau ou le Serviteur qui donnera sa vie en sacrifice. C’était assez pour que les deux disciples veuillent le suivre et s’attacher à lui. Ils sont désireux d’en savoir plus. Ils ont l’espoir d’avoir part à son Mystère.
Pour suivre Jésus, il leur faut se mettre en route. Jésus est toujours en mouvement. « Il allait et venait ! », dit le texte. Ce voyage les mènera aussi au cœur d’eux-mêmes. C’est là où Jésus les convoque avec sa question : « Que cherchez-vous? » Question embarrassante, mais nécessaire! Que puis-je faire pour vous? Qu’attendez-vous de moi? Semble leur dire Jésus. Pourquoi me suivre? Que cherchez-vous? Que cherchons-nous, nous qui voulons le suivre?
Or, une réponse leur est venue, un peu timide, hésitante. N’est-ce pas aussi la nôtre ? « Où demeures-tu? » C’est un peu lui demander : D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Quel est ton monde ? Quelle est ta vie ? Voilà qui retourne bien la balle dans le camp du Seigneur ! Sa réponse est ouverture, confiance, générosité ! « Venez, et vous verrez ». Venez voir et vous verrez bien, vous comprendrez, vous apprendrez de source et d’expérience, vous saurez d’où je viens, chez qui j’habite. Venez!
« Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » Il leur a fallu du temps pour une présence appuyée, un apprivoisement réel, pour la naissance d’une amitié, pour l’expérience d’une communion. Et ce fut assez pour qu’ils en portent témoignage à d’autres. Ils parleront de source. Ils ont trouvé le Messie! Ils le diront, et pourquoi pas d’abord dans leur réseau familial. C’est ainsi qu’André le dit à Simon, son frère. C’est à cause du témoignage d’André que Simon s’amènera auprès de Jésus, pour un regard de foi qu’il va poser sur Jésus, pour le regard profond d’amitié et de confiance que le Seigneur posera sur lui. Dès lors, Jésus va nous surprendre par son audace de bâtisseur. Car alors il pose le fondement d’un édifice qui n’en finira plus de grandir. Il gratifie le disciple Simon, fils de Jean, d’un nom nouveau. Il s’appellera Pierre. C’était mettre en valeur la foi de celui qui s’est fier au témoignage de son frère, André. Le premier, Simon Pierre, a cru sans avoir vu, en s’appuyant sur le témoignage d’un autre. Il sera à son tour le rassembleur de ceux et celles qui croiront sans avoir vu. N’est-il pas, à ce titre, le premier de la communauté croyante dont nous sommes ? « Et moi, lui dira un jour Jésus, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Matthieu 16, 15)
Fr Jacques Marcotte, OP
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23 mai 2023
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Homélie du 5e dimanche de Pâques – samedi 6 mai 2023 Actes 6, 1-7 / Psaume 32 (33) / 1 Pierre 2, 4-9 / Jean 14, 1-12 Chemin, Vérité, Vie ! Notre attention s’était d’abord portée sur le Ressuscité. C’était le Jour de Pâques! Comme les premiers disciples, nous avions en mémoire la passion, la mort et la mise au tombeau du Seigneur. Nous avons avec eux trouvé le tombeau vide au matin de Pâques. Sans le voir, nous avons cru! Et voici qu’il nous a visités au soir du premier jour. Nous avons vu et touché ses plaies glorieuses avec Thomas. Nous avons pu contempler dans la foi le Christ vainqueur du péché et de la mort. C’était le deuxième dimanche de Pâques! Avec les disciples d’Emmaüs, le Christ nous a rejoints sur nos routes de tristesse et de doute. Voici qu’il nous accompagnait en chemin et nous réchauffait le cœur de sa Parole. La fraction du pain nous a donné son corps et son sang en nourriture pour notre joie. C’était le troisième dimanche! Le Christ vivant s’est ensuite révélé comme la porte de la bergerie qui s’ouvre pour livrer passage et liberté aux brebis. En vrai berger, il prend soin de nous. Il nous conduit vers les biens du Royaume, pour une vie en abondance. C’était le message de dimanche dernier! Aujourd’hui, le Seigneur continue de nous instruire. Il nous rappelle ce qu’il disait le soir de la dernière cène. C’était juste avant qu’il soit arrêté, puis traduit devant les autorités qui allaient le condamner et le faire mourir sur la croix. C’était le sombre moment où on ne dit que les choses importantes et essentielles. Les disciples étaient bouleversés. Jésus s’efforce de les rassurer. Il les invite à croire en lui comme ils croient en Dieu. C’est pareil, en effet, de croire en lui et de croire dans le Père. Puisque lui et le Père ne font qu’un. Jésus s’en explique longuement. Avec des mots qui parlent d’avenir, il encourage ses disciples. Il ne va pas les décevoir ni les abandonner. Dans la mesure où ils croiront en lui, ils pourront accéder à la place qu’il leur prépare dans la maison du Père. C’est ainsi que le Christ nous dit le rôle qu’il joue pour nous : rien de moins que de nous donner accès « à demeure » auprès du Père. Là une place nous attend, où nous pourrons goûter le vrai bonheur. Douze fois le mot Père est prononcé dans cette page d’Évangile. Une insistance significative! Tout ça pour que nous n’ayons pas peur. Comme lui-même il n’a pas peur quand il parle de son départ vers le Père et de son retour. D’ailleurs Jésus leur révèle qu’il est déjà avec le Père. Que le Père est avec lui. Ce mouvement vers le Père dont Jésus parle n’est pas physique et matériel. Déjà en sa personne, Jésus est en communion parfaite avec le Père. C’est ainsi qu’il est CHEMIN vers lui, qu’il est VÉRITÉ sur lui, qu’il VIT de lui, parce qu’il est engendré de toute éternité par lui. Cette conversation, où Thomas et Philippe posent des questions un peu naïves, permet à Jésus de nous parler du Mystère de Dieu : Père, fils et Esprit. Pour nous aider à comprendre, faisons une comparaison : c’est comme un père et une mère, unis d’amitié et animés d’une pensée commune à l’égard de leur enfant. Ils œuvrent de concert pour lui apporter une présence bienfaisante. Du coup, ils le rassurent, l’apaisent, le construisent! Quel heureux effets d’harmonie et de paix se produisent alors chez leur enfant. Avec Dieu, cette disposition d’amour et de concertation est poussée à la perfection sans que rien ne soit perdu de la liberté du Père et du Fils. Une parfaite communion les unit, qui est l’Esprit-Saint. Comme c’est rassurant pour nous de savoir cela, et d’en profiter! Comme c’est « édifiant » pour nos vies personnelles et communautaires. Nous sommes conduits par le Fils à la source du bonheur, dans la lumière de la Vérité. Parce qu’il fait en son être le pont entre nous et le Père, et que le Père et Lui tendent vers nous de l’Amour dont nous vivons. Sans tout comprendre et sans même en mesurer toutes les conséquences, faisons confiance au projet d’amour du Seigneur Jésus et marchons vers lui, et en lui, vers le Père. Christ est Chemin, Vérité, Vie. Il est dans le Père et le Père est en lui. Voici que nous sommes déjà en Dieu, si nous vivons selon sa loi d’amour, si les valeurs de l’Évangile inspirent notre présence auprès de nos frères et sœurs, si « nous aimons comme il nous a aimés ». Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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23 mai 2023
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Actes 1, 1-11 / Psaume 46 (47) / Éphésiens 1, 17-23 / Matthieu 28, 16-20 Avec nous pour toujours! Jésus ressuscité donne ses instructions. Puis il s’en va… Un moment sans doute difficile pour les disciples! Pensons-y! Leur maître bien-aimé, qu’ils ont suivi, qu’ils ont admiré, qui leur a démontré une telle sagesse, une telle bonté, qui leur a voué une amitié indéfectible. Qui ne serait pas nostalgique à le voir partir? Il n’est pas surprenant que ces bons galiléens soient restés là à regarder le ciel! Il y a probablement chez vous des attachements que vous ressentez envers des personnes qui vous sont toutes spéciales. Les fréquenter vous a fait du bien. Ils vous ont comblés de leur affection et de leur sollicitude. Vous en êtes devenus meilleurs; votre vie a pris, à cause d’elles, un sens nouveau. Ces personnes, il a bien fallu un jour les laisser partir, accepter qu’elles ne soient plus là, avec vous, physiquement. Mais vous compreniez aussi que jamais elles ne vous quitteraient vraiment. Elles sont là pour toujours, dans votre cœur, à l’intime de vos pensées. Vous ne sauriez les oublier. Leur amitié a laissé en vous des traces et des attaches qui vous signifient durablement leur présence. Leur esprit et leur influence demeurent et agissent en vous. C’est un peu comme cela que je vois le Seigneur en son Ascension auprès du Père et l’attrait que nous gardons pour lui. Pour les disciples, il y avait eu la grande épreuve, la Passion de leur maître et sa mort sur la croix. Chez eux, il y avait eu ce mélange d’admiration, de culpabilité, de souffrance et de deuil. Or voici qu’a surgi la bouleversante nouvelle : le Christ est ressuscité. Le tombeau est vide! Les apparitions du Ressuscité ont permis aux disciples de retrouver avec Jésus une proximité nouvelle, juste assez pour saisir mieux ce qui avait précédé : le témoignage fascinant de l’humilité de leur maître, la sagesse de ses paroles, sa grande miséricorde. La persécution, il l’avait affrontée avec courage. Voici que, ressuscité, il explique aux disciples le sens de sa Passion et de sa Mort en croix. Il leur donne d’entrer dans le mystère de sa vie offerte, révélatrice de l’amour infini du Père pour nous. Les disciples ont eu le privilège d’être initiés à la Source. Ils ne pourront ni oublier ni cesser d’en parler. L’Ascension de leur Maître dans des cieux s’accompagne pour eux des promesses et consignes qu’il leur a faites : « Je monte vers mon Père et votre Père », avait-il dit. « Je m’en vais vous préparer une place. » « Je vous enverrai un Défenseur, l’Esprit de vérité, qui vous mènera plus loin encore dans l’intelligence de ce que je vous ai dit. » « Allez, je vous envoie, comme le Père m’a envoyé. » Allez témoigner de mon œuvre, qui est aussi et d’abord l’œuvre de mon Père et votre Père. Vous irez partout où il y a du monde pour leur dire que Dieu veille sur eux, qu’il les aime, qu’il leur a un jour sacrifié son Fils. Le secret de mon Père, c’est qu’il vous aime follement. Ce que je suis venu vous demander, c’est de vous aimer autant les uns les autres, comme lui m’a aimé, comme je vous aime. Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, vous êtes dans le cœur de Dieu. Dieu est dans votre cœur. L’Esprit que je vous enverrai vous fera réaliser et vivre cela. Dans cet horizon des promesses de Jésus, il fait bon nous rappeler les mots de Paul aux Éphésiens : « Que le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. » Oui, les disciples ont bien compris que le Seigneur n’était pas vraiment parti, qu’il était toujours là. Dans la foi, ils voyaient le Christ travailler avec eux. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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27 mars 2023
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Homélie pour le 5e dimanche du Carême – 26 mars 2023 Ézékiel 37, 12-14 / Psaume 129 (130) / Romains 8, 8-11 / Jean 11, 1-45 « Seigneur, ton ami est malade! » « Seigneur, si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort. » Comment faut-il entendre ces paroles avec lesquelles, les deux sœurs, Marthe et Marie, accueillent celui qui est venu les rejoindre trop tard? Mettons-nous à leur place! Elles lui avaient fait part de la situation. Il allait de soi pour elles qu’il aurait dû s’empresser de venir. Quand on est des amis, on se précipite quand l’un ou l’autre est en difficulté, quand celui qu’on aime est malade. On n’attend pas. On ne se fait pas attendre. Pourquoi Jésus ne réagit-il pas plus tôt? Serait-ce parce qu’il ne les aime pas assez? Parce qu’il se sent dépassé par la situation? Peut-être craint-il de monter vers Béthanie, trop proche de Jérusalem? Qu’avait-il d’autre à faire? Quand on aime, on n’hésite pas. On bouscule son agenda, et on part! C’est une priorité! Il y a urgence! Pourquoi Jésus prend-t-il bien son temps? Pourquoi le Seigneur ne nous exauce pas tout de suite quand nous le prions. Quand nous avons mal. Quand il y a urgence pour nous-mêmes, pour notre famille, pour les gens que nous aimons, pour la paix dans le monde, pour le triste sort des malheureux? « Seigneur, si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort. » Le Seigneur arrive-t-il toujours trop tard? Pourquoi n’est-il pas venu tout-de suite auprès de Lazare? Pourquoi ne répond-il pas tout de suite, avec puissance, puisqu’il est Dieu, puisqu’il est notre ami, quand nous faisons appel à lui? « Seigneur, si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort. » À vrai dire, ces mots ne sont pas seulement un reproche. Ils sont bien plus un acte de foi. Ils portent en eux la conviction que le Seigneur est puissant, qu’il est bien capable. Et que, s’il est là, sur le terrain du malheur de Marthe et de Marie, il peut encore y faire quelque chose de beau, de grand, de précieux pour elles et pour leur frère. Cette plainte, en fait, porte une attente, une espérance. Ces mots nous disent que le Seigneur n’est pas venu à Béthanie pour rien. Il n’a pas risqué sa vie en s’approchant de Jérusalem, pour ne rien dire, pour ne rien faire. Il est venu pleurer sur Lazare son ami, il est venu pour consoler ses deux sœurs qu’il aime beaucoup. Il est venu pour nous! Si, pour un temps, il a laissé Marthe et Marie dans la peine et la détresse, sans se manifester, c’est qu’il leur préparait bien mieux encore qu’une simple guérison physique, un soulagement temporaire du malade. Il voulait lui donner mieux, leur donner plus. Leur redonner leur frère par-delà cette mort physique par où il était passé. Jésus l’affirme : « Il est la résurrection et la vie. » Il va nous le prouver en produisant pour son ami Lazare son retour à la vie, une résurrection de la mort. Cette page d’Évangile est porteuse d’un bien grand mystère. Elle nous apporte une précieuse révélation. Le Seigneur nous aime. Il ne nous oublie pas. S’il ne répond pas tout de suite à nos prières, c’est qu’il nous prépare plus encore que ce que nous n’osons lui demander. Le Seigneur n’est pas notre engagé, notre employé de service qui répond sur demande à tout ce que nous voulons obtenir dans l’immédiat. Le Seigneur est notre ami, il nous aime profondément, il veille sur nous, il sait exactement ce qui est bon pour nous. Il nous accompagne vers l’essentiel de notre avenir, de notre espérance, de notre salut. Faisons-lui confiance! N’arrêtons pas de lui dire nos besoins, nos attentes. Soyons comme sa mère aux noces de Cana. Ayons cette même tranquille assurance devant lui. Faisons d’abord tout simplement tout ce qu’il nous dira. Ce qu’il attend de nous, il nous l’a dit : c’est que nous croyions en lui, que nous lui fassions confiance; c’est que nous nous aimions les uns les autres; c’est que nous nous tournions avec lui vers le Père et vers tous nos frères et sœurs; c’est que nous cherchions le Royaume des Cieux et sa justice! Faisons tout cela, et nous vivrons d’une vie nouvelle, de sa propre vie pour toujours! Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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23 mars 2023
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Homélie du 4e dimanche du carême – 19 mars 2023 La Parole de Dieu nous a d’abord raconté la merveilleuse histoire de l’élection de David, le petit dernier de la famille de Jessé. Celui à qui on confiait la garde des moutons pendant que les « plus grands », avec leur père, étaient à la maison pour accueillir Samuel. Or les yeux du prophète ne s’arrêtent sur aucun d’eux. Le Seigneur ne regarde pas aux apparences. C’est le plus petit, le plus humble qu’il choisit, David, celui qu’on allait oublier. Dans l’Évangile nous retrouvons un de ces petits, un mendiant, aveugle de naissance. Il vivait tranquillement son infirmité, voué qu’il était à la mendicité. Voici que Jésus entre dans sa vie, sans même l’avertir! Il vient au-devant de son besoin. Et nous savons l’histoire : de la boue sur ses yeux, la piscine où l’homme va se laver et le miracle qui se produit! Le récit nous rapporte la réaction des gens autour : leurs commentaires et leur étonnement. L’homme est tiraillé entre ses voisins, ses parents, les pharisiens et autres juifs. On s’étonne. On se tait. On se défile. Guéri de sa cécité, le mendiant ne peut que célébrer la lumière dans laquelle il baigne maintenant. Ses réponses sont simples. Elles témoignent de sa condition nouvelle. Il a une force, une simplicité, un courage qui nous le rendent crédible et sympathique. Le profil du miraculé et son histoire ressemblent à ce que nous vivons, au plan spirituel et social, comme disciples du Christ. Nous sommes illuminés de la foi de l’Église par la grâce du baptême. Dans la mesure où cette réalité remplit notre âme et toute notre vie, nous en rendons témoignage; nous sommes dès lors exposés aux commentaires des gens : ils s’étonnent, ils s’émerveillent peut-être; parfois ils nous contestent et nous condamnent. Ils s’en prennent à Celui qui nous a aimés et transformés, et qui nous associe à son Mystère. En réalité, la Vie nouvelle dont nous sommes gratifiés n’est pas facile à vivre. Les épreuves ne nous manquent pas. Elles font de nous svt des incompris, des étrangers. Viennent parfois le rejet et de l’isolement. C’est pourquoi il fait bon retrouver la présence mystérieuse de celui qui nous a guéris. L’expérience ineffable, dans l’obscure clarté de la foi, d’une rencontre personnelle où nous touchons le Christ en sa Pâques et son Eucharistie, pour lui dire : « Je crois, Seigneur », et nous prosterner devant lui. Les sacrements nous sont ainsi donnés en Église pour nous convertir davantage au Seigneur, nous rapprocher de lui. Pour l’accueillir en nos cœurs, pouvoir l’imiter, le suivre. Lui, il n’arrête pas de veiller sur nous. Sa présence nous redit la paix, la tendresse de Dieu, son amitié indéfectible. Nous n’avons pas à craindre. Déjà il nous mène ailleurs, au temps de Pâques, au lieu béni de sa victoire sur le mal et sur la mort. Il est vivant. Il est Le Vivant. Il a pouvoir sur les ténèbres, lui seul peut nous en délivrer. Seigneur, donne-nous cette tranquille assurance de l’aveugle-né, guéri et recréé par toi, dont l’Évangile nous parle aujourd’hui. Que nous sachions être fidèles comme lui à la lumière dont tu nous as rendu capables! Continue de nous guider pour un témoignage humble et puissant à la vérité de ton Salut, dans nos personnes et dans l’Église où tu nous rassembles, et dans le monde vers qui tu nous envoies pour en témoigner.
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15 mars 2023
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Homélie pour le Troisième dimanche du Carême – 12 mars 2023 Exode 17,3-7 / Psaume 95(94) / Romains 5,1-2.5-8 / Jean 4,5-42 « Si tu savais le don de Dieu ! » « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ? » (Jean 4, 29) La femme de Samarie n’avait rien demandé à Jésus. Peut-être voulait-elle seulement qu’il s’en aille, qu’il ne soit plus là? Elle était venue seule au puits pour y puiser de l’eau, en plein soleil de midi, à la cachette, quand tout l’monde au village faisait la sieste. « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » C’est ce qu’elle retient de cette rencontre étrange qu’elle a vécue, et qui l’a rejoint en profondeur dans sa vie personnelle. Un dialogue qui a construit en elle la foi au Christ. Le témoignage de cette femme va remuer tout le village par la suite et en amener tout son monde à Jésus. Elle qui était venue puiser à la source de son ancêtre, le patriarche Jacob, elle rencontre Celui qui est la source d’une eau vive, capable d’étancher sa soif, d’abreuver de lumière, de paix, de vie nouvelle tous ceux et celles qui en boivent. Nous avons tous le souvenir d’une ou deux rencontres particulièrement significatives dans notre vie. Une ou deux rencontres plus ou moins fortuites de quelqu’un qui nous a impressionné par son attitude à notre égard, qui s’est introduit dans notre existence avec bienveillance et amitié, et qui a su percer notre carapace, nous rejoindre au cœur, nous dire nos vérités. Ce quelqu’un nous comprenait. Il nous démasquait jusqu’à l’intime de l’être. Nous en avons gardé l’heureux souvenir d’un contact qui fut pour nous un moment d’éveil à nous-même, d’une influence bénéfique qui porte des fruits durables dans notre vie. Ainsi en est-il pour cette femme de Samarie. Revenons à son histoire! Ce que Jésus tout simplement lui dit d’elle-même aurait dû lui faire honte. Elle aurait pu se braquer et envoyer promener ce monsieur qui lui faisait la leçon. Qui avait l’air d’en savoir trop sur elle. Non! elle comprend qu’il lui veut du bien. Qu’il ne la juge pas ni ne la condamne. Jésus constate seulement avec elle qui elle est, où elle en est, ce qu’elle a fait de sa vie jusqu’à maintenant, ce qu’elle pourrait en faire dorénavant. Il la mène à un point tournant, pour une conversion. C’est comme s’il lui donnait de puiser en elle-même la ressource d’une grande espérance. Il la révèle à elle-même. Il lui donne le goût de se reprendre en main. De se laisser inonder de lumière. De se laisser guérir profondément par Celui qui lui parle. Jésus lui redonne confiance. Il change ainsi le parcours de vie de cette femme. Tout cela dans la vérité d’un dialogue bienveillant, libérateur, qui remplit son cœur de paix et de joie. Jésus la remet en force, non pas seulement dans sa tête, mais aussi dans son cœur, dans tout son être. Jusqu’à la faire sortir d’elle-même, de sa prison intérieure, pour aller retrouver les siens et leur dire, sans retenue, avec audace et une franchise inouïe : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Il a lu dans mon cœur. Il me connaissait. Il m’aime par-delà mes fautes! Allez le voir vous-mêmes! Jésus vient, aujourd’hui peut-être, à notre rencontre pour un dialogue intérieur. Puissions-nous y venir nous aussi. À ce rendez-vous en plein midi, il nous apprend qui nous sommes. S’il nous dit tout ce que nous avons fait, ce n’est pas pour nous condamner, mais pour nous montrer une issue de paix, de lumière, de miséricorde et de pardon. Si nous pensions que notre vie allait finir là, dans la tristesse, dans le regret et la lourdeur quotidienne, Jésus nous dit que non, il nous ouvre à des perspectives nouvelles. Il ouvre en nous une source qu’il alimente lui-même de sa grâce pascale, de vie divine, de la force de l’Esprit, de la joie du Père. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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07 mars 2023
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Homélie du deuxième dimanche du Carême – 5 mars 2023 Genèse 12, 1-4a / Psaume 32 (33) / 1 Timothée 1, 8b-10 / Matthieu 17, 1-9 Un Phare dans la nuit! Qui ne s’est pas émerveillé devant la puissance d’une haute montagne? Qui n’a pas rêvé d’en faire un jour l’escalade ? Dans la Bible, les montagnes sont souvent à l’honneur! Pensons à Moïse après la sortie d’Égypte. Il laisse les Hébreux camper au pied du Sinaï pendant que lui, il ira là-haut à la rencontre du Seigneur. Il en redescend lumineux, transformé par cette expérience. Pensons au prophète Élie qui, fuyant la persécution d’Acab et de Jézabel, se rend à la montagne de l’Horeb. Il y fait la rencontre de Dieu! Jésus aime gravir les montagnes. Il y va souvent pour prier. Ce jour-là, il avait pris avec lui trois disciples. C’était peu de temps après la 1ière annonce de sa Passion. Pierre avait d’abord reconnu en lui « le Messie de Dieu, le Fils du Dieu vivant ! » Jésus, sans nier l’affirmation de son disciple, avait mentionné qu’il lui faudrait souffrir les persécutions, les maltraitances et la mort. Tout en ajoutant qu’il ressusciterait le 3e jour. Les disciples avait mal pris cette annonce. Ils ne comprenaient pas. On imagine la tristesse et l’inquiétude qu’une pareille déclaration avait suscitées chez eux. Jésus leur avait même dit qu’il fallait que ses disciples s’attendent au pire, eux aussi, s’ils voulaient le suivre. C’est donc avec le cœur bien gros et l’âme en peine que les trois disciples suivent leur maître vers un haut sommet ce jour-là. Ils étaient comme nous sommes quand nos projets tombent à l’eau, quand rien ne va plus avec notre vie; quand nous sommes déçus, découragés. Mais voici qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. Deux personnages fabuleux, Moïse et Élie sont là, qui parlent avec leur maître. Lui-même il est tout lumineux. Pierre, tout à fait ravi, y va d’une suggestion : il parle de dresser trois tentes, une pour son maître, une pour Moïse, l’autre pour Élie. Mais une nuée lumineuse s’étale à leurs yeux jusqu’à les couvrir tous. Une voix déclare : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand la nuée disparaît, il ne reste que Jésus seul pour les rassurer. Pierre Jacques et Jean venaient d’être les témoins d’une scène merveilleuse. Jésus leur demande pourtant de n’en parler à personne avant sa résurrection. C’était leur dire qu’ils comprendraient le sens de cette vision seulement après Pâques. L’évènement de la transfiguration du Seigneur leur livrerait alors son plein message : Jésus était plus que Moïse, plus qu’Élie, il était le bien-aimé de Dieu. Le Père prendrait un soin jaloux de son Fils. Cette révélation sur la montagne devient un point d’ancrage pour la foi des premiers disciples et la nôtre. Elle nous donne de prendre conscience de la profondeur du mystère du Christ. Moïse et le prophète Élie qui disparaissent dans la nuée pour laisser place au seul Jésus, nous donnent à penser que le Christ accomplit à lui seul la Loi et les Prophètes. Il vient combler l’espérance d’Israël et la nôtre. Il apporte réponse à la longue attente de toute l’humanité, de tous les hommes et femmes de bonne volonté. La transfiguration était déjà une percée du divin, une échappée de lumière dans notre monde. Elle était une anticipation de Pâques. Et pourtant elle prend tout son sens dans le Mystère de la passion, la mort et la résurrection du Christ. La transfiguration n’a pas fini de produire son fruit. Elle se répercute aujourd’hui encore en toutes ces petites lumières qui brillent dans notre nuit. Quand nous sommes tourmentées par la peur et la tristesse, quand nous sommes affligés de peines, quand surviennent le doute et trop de questions dans nos esprits, le Père encore nous fait signe. Gracieusement dans le silence, dans notre prière, dans l’Eucharistie, dans notre charité fraternelle et de bien d’autres manières, il nous manifeste sa divine présence, son amour de toujours. Il produit pour nous lumière et sens qui nous donnent de continuer notre marche croyante à la suite de son Fils vers le Royaume qu’il nous a préparé. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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28 févr. 2023
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Premier dimanche du Carême – Année « A » – 26 février 2023 Genèse 2,7-9.3,1-7a. / Psaume 51(50) / Romains 5,12-19 / Matthieu 4,1-11 Échapper au vertige de la tentation! Ainsi donc, au tout début de sa vie adulte, juste après son baptême par Jean le Baptiste, les Évangiles nous relatent le séjour prolongé de Jésus au désert. Ils insistent sur les 40 jours et 40 nuits de son expérience et sur la présence personnifiée d’un Tentateur qui se plaît à le mettre à l’épreuve. Cet épisode apparait comme un préalable pour Jésus au moment où il va commencer son ministère. On dirait aussi une contre-réplique à la chute d’Adam et Ève au matin de l’humanité, que nous relatait la première lecture. Le récit des tentations a quelque chose du fantastique et d’une quasi-invraisemblance, qui suggère qu’il ne faut pas s’attarder aux décors et à la mise en scène ni à la nature du mystérieux Tentateur dont les propositions sont grossièrement séduisantes. Elles ont de quoi, en effet, déstabiliser quelqu’un qui a faim et qui rêverait de solutions magiques et de merveilleux. Allons plutôt à l’essentiel! Ce qui compte, c’est le fait que Jésus se montre le plus fort dans l’humilité, dans le calme et la maîtrise de soi, dans la fidélité à la volonté du Père. Ce récit est certainement porteur d’un message précieux sur le Mystère du Christ, sur les combats qu’il a menés, sur ce qui l’inspire et sur la stratégie qu’il déploie pour contrer les tentations. Ce message il nous concerne par l’exemple et la ressource qu’il nous révèle, le Christ étant celui qui nous précède sur les chemins de l’obéissance et de la fidélité. Il nous représente et nous rétablit dans une amitié indéfectible avec le Père. Jésus est seul, au désert. Pendant 40 jours! C’est long 40 jours! Ça nous rappelle les 40 jours du déluge, les 40 jours de Moïse sur le Sinaï, les 40 jours d’Élie en route vers l’Horeb, les 40 années du peuple hébreu au désert. Autant dire 40 jours d’épreuves et de combat! Une traversée où se révèlent la fidélité et la parfaite soumission du Christ à sa condition humaine, à la volonté du Père, à la mission qu’il assume. Dans l’épreuve, Jésus ne va pas trahir, il ne va pas faiblir, il ne va pas se laisser séduire par la tentation de dévier. Il ne va pas profiter de son statut de Fils de Dieu pour échapper à la condition commune des hommes et des femmes. Il ne va pas user de sa puissance pour lui-même. Il ne va pas mettre son Père au défi de le protéger contre les lois de la nature. Il ne va pas céder à la tentation du pouvoir et des honneurs moyennant des compromis indignes. Sans doute pourrions-nous imaginer des variantes aux épreuves qui sont ici mentionnées. C’est bien assez de 3 pour nous montrer l’attitude de Jésus, la réaction qu’il a. Il coupe net! Il n’engage pas de discussion avec le Tentateur. Il ne laisse pas le doute s’installer dans son esprit. Il s’inspire chaque fois d’une Parole de l’Écriture. Il y trouve les mots qu’il faut pour faire taire le Tentateur. Jésus malgré la fatigue, la solitude, le harcèlement, se montre vigilant, énergique et lumineux. Il est dans la confiance et la paix. Voilà comment il est et comment il fait. Voilà comment il nous faut être et faire, si nous voulons le suivre. Si nous voulons aller droit notre chemin d’enfant de Dieu. Le désert de notre carême représente le parcours de nos vies comme un lieu constant où se pose la question de notre fidélité au Dieu de notre baptême, le Dieu d’une alliance sainte, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus le Christ. L’Esprit-Saint nous pousse dans la vie depuis notre baptême, il nous y accompagne. Comme il l’a fait pour Jésus, il s’offre à nous garder dans la confiance. Il nous fait tenir en fidélité et amour, alors même que les épreuves ne nous manquent pas. Avec lui nous les surmonterons toutes. Comme Jésus ne laissons pas le doute s’installer dans notre âme. Comme lui gardons-nous de tenter Dieu en voulant échapper à notre condition humaine. Comme lui faisons face à la réalité quotidienne de notre vie dans l’humilité du service et l’adhésion à la volonté bienveillante du Père. Que l’Évangile et toutes les Écritures Saintes, soient notre référence et notre arme dans nos combats. Puisons dans les dons de l’Esprit et l’exemple de Jésus la lumière, la sagesse et le réconfort dont nous avons besoin pour tenir dans l’épreuve. Ainsi serons-nous protégés et gardés dans l’Espérance du Royaume qui vient. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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25 févr. 2023
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Homélie pour le 7e dimanche du Temps ordinaire – 18 février 2023 Lévitique 19, 1-2.17-18 / Psaume 102 (103) / 1 Corinthiens 3, 16-23 / Matthieu 5, 38-48 La Victoire de l’Amour! L’Évangile de ce dimanche nous rejoint à la veille du 1er anniversaire du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie. Depuis un an, nous suivons les mouvements de cette sale guerre en temps réel. Nous en voyons l’horreur. Nous ressentons les malheurs qu’elle produit. Notre sympathie va d’emblée vers les victimes. C’est une folle aventure! Nous ne savons pas comment ce conflit pourra finir. Et pour quel lendemain ? À moins d’une conversion surprenante des mentalités, il faudra le miracle d’une guérison collective qu’on peut toujours espérer, celle des autorités politiques notamment. La situation présente nous dépasse! Il nous reste la prière! À plus petite échelle, il y a de ces conflits qui existent entre nous, et qui eux aussi n’en finissent plus. Un rapport de force s’établit parfois, qui nous maintient dans un état de guerre avec telle personne: et c’est le mépris, l’humiliation de l’autre, la peur de l’autre, la fuite, sans que jamais rien ne soit réglé. Le Seigneur nous indique aujourd’hui la meilleure façon de nous en sortir. C’est d’aimer l’autre. Même s’il se dresse devant nous comme un agresseur. L’aimer pour vrai. Considérer que sa personne vaut plus que ses armes, plus que sa haine et son mépris, plus que la volonté qu’il a de nuire ou de détruire. Il ne faut pas permettre à mon ennemi de détruire mon amour pour lui, pour elle. L’aimer, cela veut dire respecter l’autre, prier pour lui ou pour elle, lui pardonner, ne pas l’offenser en retour même de son offense; c’est lui vouloir du bien. Quel paradoxe ! Jésus nous demande de surcompenser l’offense qui nous est faite. Aimer même notre ennemi jusqu’à déborder de générosité à son égard; le confondre de miséricorde et de pardon. Croire en la force et la victoire finale de l’Amour. Croire en la bonté naturelle de l’autre. Parce qu’il est enfant de Dieu, marqué à son image, je me dois d’être bon pour lui, d’honorer ce qui en lui appartient à notre Père du Ciel. Une jeune femme me disait récemment quelle différence cela avait fait dans sa vie personnelle que de prier pour celui qui l’avait agressée. Elle n’acceptait pas le geste porté contre elle, bien sûr. Elle en avait toujours honte pour elle-même et pour lui. Mais, prier pour son agresseur, c’était ce qui la sauvait. Elle en retrouvait sa dignité, sa force intérieure, sa liberté profonde. Elle trouvait dans sa prière une paix immense. Jésus nous appelle, en fait, à un dépassement de nos normes et réactions spontanées. Il nous presse de nous comporter comme lui, en fils et filles du Père; d’être des personnes libres qui ne sont pas véritablement atteintes dans leur dignité fondamentale par celui ou celle qui les offense. Ils ne se laissent pas détruire par lui. On n’y arrive pas tout seul ni tout d’un coup, il y faut du temps, il y faut surtout l’aide de l’Esprit, cet Esprit filial qui nous est donné d’en-haut, Esprit d’unité et de paix, Esprit de force, de fidélité et d’amour. C’est grâce à cet amour filial et fraternel profondément enraciné, ancré en nous, que nous pouvons échapper à la spirale de la vengeance et de la violence. Il nous donne de pencher du côté de la patience, de l’indulgence, du pardon, dans une charité qui nous fait accepter de perdre et de donner pour gagner, pour gagner des frères et des sœurs. Il aura suffi d’un peu de miséricorde, de compassion, d’un pardon véritable. Le Christ qui nous appelle à celà, nous en a donné l’exemple devant ceux qui l’ont persécuté. En lui l’amour a été le plus fort. C’est jusque là que nous pouvons le suivre et vivre avec lui. Que l’Eucharistie que nous célébrons ensemble nous donne de puiser à la grâce du Fils bien-aimé, à la source de l’Amour infini qui nous met en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit, et les uns avec les autres, dans la paix, la joie, la lumière de Pâques. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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15 févr. 2023
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Homélie du 6e dimanche du Temps ordinaire – 12 février 2023 Ben Sira le Sage, 15, 15-20 / Psaume 118 (119) / 1 Corinthiens 2, 6-10 / Matthieu 5, 17…37) Au cœur de notre amour! « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » Les scribes et les pharisiens étaient la haute classe de la société juive. Ils étaient les gens instruits, performants quant à l’exacte observance des lois religieuses. Ils savaient quoi faire et comment le faire, du moins pour être bien vus, pour être jugés conformes et exemplaires. À voir les choses de l’extérieur, on ne pouvait pas demander mieux, ni même les prendre en défaut. Entendons-nous bien, il s’agit ici, non pas de tel ou tel individu, mais d’un modèle de comportement que Jésus dénonce. Jésus ne donne pas à ce modèle le premier prix. Pour lui, ce n’est vraiment pas comme ça qu’on entre dans le royaume des Cieux, dans ce monde nouveau dont il a mission de nous révéler l’existence, ce monde dont il nous dit comment il nous faut être pour y entrer. Le comportement des scribes et des pharisiens a beau être parfait sur les détails, irréprochable même dans l’application extérieure de la loi, Jésus n’en est pas satisfait. Il s’attend à mieux et à plus. Pour lui, il s’agit d’en arriver à une fidélité plus profonde. Il cherche de l’âme, de l’intériorité, le cœur des gens, sans quoi les fidélités extérieures risquent d’être un mensonge, une caricature. Un attachement rigide aux seuls détails extérieurs de la Loi en venait parfois à jeter du mépris sur les petits et les pauvres, sur les ignorants, sur tous ceux qui n’arrivaient pas à performer autant. Et cela, c’était contraire au rêve de Jésus. Il prêche, quant à lui, un monde fraternel, un régime d’amour, de charité et de liberté, un monde juste et miséricordieux. Ce sont là des valeurs d’intériorité, de bonté et de transparence qui mettent l’accent bien ailleurs que sur une conformité tout extérieure telle que prônées par l’enseignement et la pratique des scribes et des pharisiens. Le Seigneur nous demande d’être responsables et authentiques. C’est ainsi qu’il nous conduit au cœur de nos pensées et de notre vouloir, pour y faire briller une loi nouvelle, la lumière de l’Évangile. « On vous a dit : tu ne tueras pas. Moi de vous dis : déjà la haine dans votre cœur est un homicide. On vous a dit : pas d’adultère! Moi, je vous dis : déjà un regard appuyé sur une autre femme, c’est être adultère avec elle. » Jésus nous fait passer au niveau plus personnel et intime de nos intentions, en deçà même de notre agir extérieur. Si autrefois nous en étions à une morale de conformité et d’obéissance aveugle, Jésus nous parle aujourd’hui d’un engagement personnel, celui du cœur et de l’esprit. Cela ne veut pas dire un stripetease de nos états d’âme et un étalage extérieur de tous nos secrets. Bien au contraire, la discrétion est toujours de mise. « Notre Père du Ciel voit dans le secret, et cela suffit. » Ce qui compte, c’est d’être vrai et sincère avec soi-même en sa présence. Nous savons que nous ne sommes pas seuls pour porter ce poids de la fidélité et de l’amour véritable. Le Christ lui-même nous offre de communier à l’Esprit de Dieu, de puiser à la source divine de l’Amour dans laquelle le baptême nous a régénérés. À chacun de nous d’accueillir les dons de Dieu et d’en vivre. C’est là un puissant recours pour aller au quotidien notre chemin d’amour, de fidélité et de liberté, quoi qu’il puisse nous arriver d’épreuves et de souffrances. Nous vivons alors plus que nous-même, nous vivons le Christ en son mystère pascal. En lui nous sommes établis en communion avec le Père et l’Esprit. Notre consolation, c’est d’entrer, à terme et déjà, dans la paix et la joie du royaume des Cieux. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, Q
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30 janv. 2023
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Homélie 4e dimanche du temps ordinaire - 29 janvier 2023 Sophonie 2.3 ;3.12-13 / Psaume 145 / 1 Corinthiens 1,26-31 / Matthieu 5,1-12a. Bonheur garanti ! Je suis certain que vous vous êtes reconnus dans l’une ou l’autre des béatitudes que nous venons de lire. Qui parmi vous ne rêve pas de trouver son bonheur à faire la paix dans son cœur, dans sa famille, dans le monde ? Qui ne rêve pas de miséricorde et de pardon pour lui-même et pour les siens ? Qui n’a pas en lui, en elle, le désir de la douceur, de l’humilité, de la simplicité, d’une intime libération personnelle ? Nous sommes tous, quelque part en nous-mêmes, sur le chemin des béatitudes. Avec des aller-retours, du plus et du moins, des hauts et des bas. Le Seigneur nous rejoint aujourd’hui sur des points sensibles de nos vies spirituelles et morales, où se fait et se défait notre bonheur. Mais, observons d’abord la mise en scène de l’évangéliste, Saint Matthieu, au moment où il introduit le Sermon sur la montagne. Nous sommes à ce moment important où Jésus, au début de son ministère en Galilée, va donner les grandes lignes de la loi nouvelle qu’il vient instaurer. Le Maître va nous dire en clair ce qu’il attend de nous. « Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. » La foule et les disciples sont là en attente de ses paroles. Que va-t-il leur dire ? Que veut-il nous dire ? « Heureux ! » Une bonne dizaine de fois, il le dit : « Heureux ! Heureux êtes-vous ! » Les premières pensées de Jésus sont pour notre bonheur. Il ne dit rien de menaçant, rien pour nous faire peur. Rappelons-nous le récit de l’Exode, quand Moïse montait au Sinaï pour recevoir de Dieu les tables de la loi. Quel contraste entre le Moïse d’autrefois, seul, extasié, presque terrorisé en présence de Dieu, et Jésus, figurant à la fois le Seigneur et son prophète, entouré d’une foule nombreuse qui s’invite auprès de lui sur la montagne. Une toute nouvelle approche nous est ainsi manifestée ! La loi nouvelle, Jésus la propose à tout ce monde devant lui. Non pas d’une manière autoritaire, mais par mode de suggestion. Les déclarations qu’il prononce ont, à première vue, l’allure d’une bonne recette, du genre : faites cela et vous vous en porterez bien ! Si vous agissez ainsi, vous serez les heureux gagnants. Or les béatitudes, c’est beaucoup plus que ça ! Elles sont les promesses et les bénédictions de la Nouvelle Alliance ! Il faudrait ici reprendre chacun des engagements que prend Jésus. Disons seulement qu’il ne faut pas les lire comme des paroles ordinaires. Comme s’il s’agissait d’une sagesse purement humaine. Il ne faut pas les aborder d’un regard myope. Il faut les mettre en leur juste perspective, avec en arrière-plan l’ensemble du parcours du Christ Jésus. Il nous faut saisir ses promesses comme partie prenante de son Mystère. Elles viennent de lui. Elles prennent leur force en lui. Elles nous livrent quelque chose de sa passion, de sa mort et sa résurrection. En énonçant les béatitudes, Jésus nous parle de lui-même, de ses options, de ses choix, de son appel, des grandes orientations de sa vie. Et nous savons par où il est passé, tout ce qui lui est arrivé. Nous savons le paradoxe de sa vie donnée, perdue pour qu’advienne le Règne de Dieu, pour qu’à la fin le péché, la peur et la mort soient vaincus sur le bois de la Croix. Les béatitudes nous sont données pour notre bonheur profond, pour notre Salut. Elles nous engagent donc dans un itinéraire pascal, où nous sommes invités à donner nous aussi notre vie, par amour, pour nos frères et sœurs. Ces chemins peu fréquentés ne sont pas des voies de facilité, on le sait bien. S’ils nous promettent la victoire de Pâques, ils nous mettent d’abord au défi de suivre notre Seigneur et Maître dans son passage de souffrances et de mort à soi-même. Frères et sœurs, que cette Eucharistie vienne nourrir en nous la Foi et l’Espérance qui font de nous déjà des béatifiés, les héritiers bienheureux des promesses du Sauveur ! Soyons de ceux qui engagent résolument leur vie dans l’Amour, au fil des béatitudes, à la suite du Christ ! Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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24 janv. 2023
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Première homélie pour le dimanche 22 janvier 2023 – L’Unité chrétienne Isaïe 1, 12-18 / Psaume 41 (42) / Éphésiens 2, 13-22 / Matthieu 25, 31-46 Communion d’amour! « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice »1 Nous prions en ce dimanche pour l’unité des disciples du Christ, pour ce rêve d’unité qui est gravement compromis par les différences manifestes entre les diverses confessions qui regroupent présentement les disciples du Christ à travers le monde. Chacune des confessions chrétiennes se distinguent entre elles, et par rapport à nous qui sommes de foi catholique. Ce sont les Églises protestantes, les luthériennes, calvinistes, évangélistes, anglicanes, orthodoxes et bien d’autres. Toute cette gamme de variations entre les diverses communautés étale nos différences et nous éloigne les uns des autres. Pourtant, S. Paul nous a ramenés à l’unique essentiel, qui est notre foi dans le Christ Jésus, lui qui a versé le même sang pour nous tous, qui a offert sa vie sur la croix, une fois pour toutes, pour nous tous. Saint Paul nous fait bien voir, dans le Christ, la source de l’unité que nous pourrions bâtir : unité en un même Seigneur, unité dans l’Esprit qui nous est donné. L’unité nous parait inatteignable, si nous nous en tenons au seul plan de l’intégrité d’une même profession de foi. L’unité qui serait une conformité dans la doctrine unanimement reconnue est un objectif pour le moment difficilement réalisable. Or, le texte évangélique que nous venons de lire nous fait considérer la possibilité d’accéder bien vite à une véritable communion entre les Églises. Bien sûr, il s’agit toujours de notre lien fondamental avec le Christ, le Christ vivant qui nous accompagne et qui nous dit à tous ses priorités. Priorité à la vie, priorité de l’engagement de nos vies à sa suite pour la justice et la bienveillance à l’égard de tous les humains. La parabole que nous venons de lire, dite du Jugement dernier, vient à la toute fin des paroles de Jésus, en S. Matthieu, comme son dernier mot, les dernières volontés de Jésus. Cette allégorie nous livre la pensée ultime du Seigneur, son attente principale, son regard profond sur chacun de nous au moment d’évaluer nos existences. Quand le Fils de l’homme va venir, voici ce sur quoi il nous appréciera : non pas sur nos prières, sur notre orthodoxie de pensée théologique, non pas sur les sacrements que nous aurons célébrés, non pas même sur nos perfections personnelles. Il nous jugera sur la compassion que nous aurons eue pour ceux et celles qui sont dans le besoin. Jésus fixe nos yeux et nos cœurs et nos mains sur les blessés de la vie, les nécessiteux, les malades, les infirmes, les prisonniers. Il va jusqu’à se solidariser personnellement avec eux, jusqu’à s’identifier lui-même à ces miséreux dont il veut que nous en prenions le plus grand soin en son nom, comme si c’était lui. Aucune Église particulière ne peut se dérober à cet appel du Seigneur, tellement il est précis, pointu, incontournable. Voilà ce que nous pouvons faire ensemble, ou tout au moins en même temps, avec une égale intensité, un semblable empressement, une pareille compassion. Nous pouvons passer à la vitesse grand V de l’unité entre les Églises chrétiennes par notre engagement en communion de charité, au service du prochain malheureux. Il est là le commandement que nous fait le Seigneur. C’est là qu’il nous attend, se disant lui-même en quête de notre compassion, de notre amour vrai. Il n’a que faire de nos intransigeances doctrinales. Il nous invite plutôt à l’humilité et à la vérité de nos réelles convergences de charité et de justice au service du prochain démuni. Marchons donc vers le Seigneur, à sa suite, en allant résolument vers ceux qu’il aime et qu’il nous confie. « Apprenons d’abord à faire le bien ensemble. Recherchons d’abord la justice ensemble. » Agissons ainsi chacun pour notre part, et de concert si nous le pouvons! Alors pourra venir plus facilement, et de surcroît, l’unité des cœurs, des pensées, la communion visible de toutes les communautés chrétiennes. 1 Thème proposé par le Conseil des Églises du Minnesota, USA, pour la semaine de prière de janvier 2023. Le texte est tiré d’Isaïe 1, 17. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, Q Deuxième homélie pour le 3ième dimanche du temps ordinaire – 22 janvier 2023 Isaïe 8, 23b - 9, 3 / Psaume 26 (27) / 1Corinthiens 1, 10-13.17 / Matthieu 4, 12-23 Premiers pas significatifs ! Dans les rencontres que nous faisons avec d’autres personnes, les premiers gestes, le premier regard, les premières paroles sont souvent déterminantes. Des signaux attirent ainsi notre attention et nous donnent déjà des indications sur nos relations possibles avec telle personne. Il y a là comme un premier message qui engage la suite. On se rappelle peut-être le soir du 13 mars 2013, quand le pape François, tout juste élu en remplacement de Benoît XVI, s’est présenté à la fenêtre du palais du Vatican donnant sur la Place St-Pierre pour saluer la foule. Il nous a dit des mots d’une grande simplicité; il annonçait beaucoup d’humilité, allant jusqu’à demander pour lui la bénédiction de tous ces gens, alors même qu’on attendait de lui qu’il nous bénisse. C’était, du coup, annoncer une proximité, une douceur, une humilité qui ne se sont jamais démenties. Le pape François est bien celui que sa première parution nous a fait voir. Ainsi en est-il dans l’Évangile de ce dimanche, qui nous montre les débuts du ministère de Jésus. Ses premiers mouvements. Ses premiers gestes. Ses premières paroles. Les orientations qu’il prend. Tout cela nous dit déjà ce que Jésus va, par la suite, nous révéler de lui-même et de Celui qui l’a envoyé. L’arrestation de Jean-Baptiste est un signal pour Jésus. Il se retire en Galilée. C’est la région où il a grandi, là-haut dans les collines, à Nazareth. Mais il ne revient pas à Nazareth, le village tranquille de son enfance; il prend plutôt résolument le chemin de Capharnaüm, une cité sise au bord du Lac de Galilée. C’est une ville grouillante de monde, où passent beaucoup de gens, venus de tous les coins du Moyen Orient. C’est un carrefour humain, une plaque tournante. On dirait Montréal ou Québec! Il y passe beaucoup de monde. Nous comprenons que Jésus s’expose ainsi à rencontrer les gens. Il ne s’isole pas dans le désert. Il est venu pour eux tous. Sa mission les concerne. Les premières paroles de Jésus reprennent avec insistance les mots du prophète Jean Baptiste. C’est un appel répété à la conversion : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » Et tout de suite, il se met à l’œuvre. Il fait les premiers contacts en vue de s’adjoindre des disciples. Il ne veut pas être seul. Il veut les associer à sa mission. Il a déjà en vue l’Église qui va le prolonger, amplifier son rayonnement, partager sa mission, la Mission qu’il a reçue du Père : nous sauver tous des ténèbres du péché et de la mort. Et ses yeux s’arrêtent sur Pierre et André, des pêcheurs en train de pêcher. Il les voit déjà pêcheurs d’hommes. Ce qu’il est lui-même! On s’étonne de voir ces bons hommes répondre aussitôt PRÉSENT! à l’appel du Seigneur. Comment ont-ils pu se décider aussi vite? Cela nous surprend. Mais là aussi, il y a un signe. Signe de l’importance du projet! Signe de l’autorité du Seigneur! Signe d’urgence! Signe d’un mouvement intérieur suscité par l’Esprit! Ils sont prêts. Ils ont entendu l’appel à se convertir, l’appel à le suivre. Et ils ont répondu. De même pour Jacques et Jean, devant les yeux admiratifs et résignés de leur père Zébédée. Le Seigneur Jésus vient vers nous qui sommes peut-être dans la peine et les ténèbres. Il paraît comme une grande lumière qui donne du sens à nos vies. Il nous appelle à nous convertir. Tout cela nous invite à la confiance, à nous mettre en mouvement vers lui. Le Seigneur nous appelle à « réinitialiser » nos vies dans le sens de son Règne qui vient, qui se fait proche, qui passe en nous. Le Seigneur nous appelle à nous engager à sa suite. Prendre le risque de le suivre, c’est lui faire confiance. C’est nous garder libre pour aimer comme lui. C’est apprendre, au fur et à mesure des circonstances de la vie, ce qu’il attend de nous. Ce sera pour beaucoup aller dans le courant profond de ce que nous vivons déjà. Mais avec, au cœur, l’espérance du Royaume, la joie de l’Évangile, la présence de l’Esprit qui nous guide, nous fortifie, nous inspire. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, Q
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20 janv. 2023
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Homélie pour le deuxième dimanche du Temps Ordinaire – 15 janvier 2023 Isaïe 49, 3.5-6 /Psaume 39 (40) / 1 Corinthiens 1, 1-3 / Jean 1, 29-34 Qui est-il, celui qui vient? Les crèches de Noël ont quitté l’avant-scène de nos églises. Nous sommes maintenant dans le temps ordinaire. Nous avons contemplé le nouveau-né de Bethléem. L’Évangile de Luc nous a raconté l’Annonce aux bergers et le pauvre réduit où ces derniers allaient trouver l’Enfant, emmaillotté et couché dans une mangeoire. C’était déjà lever un peu le voile sur son Mystère d’humilité, de mort et de résurrection. On pouvait même y voir l’annonce discrète du Pain de vie qu’il venait nous offrir. Aujourd’hui les présentations continuent. Avec, cette fois, les formules chargées de sens du 4e Évangile. Après son prologue solennel, l’évangéliste rapporte l’interrogatoire mené auprès de Jean Baptiste par des envoyés de Jérusalem : « Toi, qui es-tu? Pourquoi baptises-tu? » Le prophète dans sa réponse le disait clairement, qu’il n’était pas le Messie; qu’il préparait seulement le peuple à sa venue imminente. Les gens à qui il prêchait, se repentaient et se faisaient baptiser dans le Jourdain. Or, voici que le lendemain de cet interview, Jean Baptiste voit Jésus venir vers lui. Remarquons qu’il voit Jésus venir vers lui. Jésus est toujours Celui qui vient. Il vient aussi vers nous. À nous de le voir venir! Et voilà que Jean déclare, en voyant Jésus venir vers lui : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Il a bien dit l’agneau, l’agneau de Dieu. D’où vient cette expression? Que veut-elle nous dire? Ces mots, on les entend souvent dans la liturgie. À la messe, juste avant la communion, on chante l’Agnus Dei : « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous! ». Par trois fois, on le dit, on le chante, avant de communier. On a même ajouté récemment avant la communion : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Cette mention du repas des noces de l’Agneau en étonne d’ailleurs plusieurs. On aimerait savoir ce que cela veut dire. Mais prenons les choses une à la fois. Quand le Baptiste nous dit : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », il nous ramène au temps de l’Exode, au moment où le peuple d’Israël est sorti d’Égypte. Moïse avait alors donné l’ordre aux hébreux d’immoler un agneau par famille, de manger sa chair après avoir répandu le sang sur les montants et le linteau des portes de leurs maisons. Ils seraient ainsi protégés des malheurs qui allaient frapper l’Égypte qui, dès lors, les laisserait partir (Ex. 12, 3-13). Cet agneau joue donc un rôle sauveur, protecteur. Son sang sauve la vie du peuple hébreu; il lui donne sa liberté! L’agneau pascal devient ainsi une figure de libération! Le repas pascal perpétue chez les juifs un événement heureux, fondateur pour eux. Dans cette perspective, dire que Jésus est l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, c’est annoncer l’ère nouvelle d’une libération, d’un monde nouveau inauguré par le Christ, d’un peuple nouveau. Une autre référence qu’on trouve au Livre du prophète Isaïe vient compléter notre compréhension : Il s’agit du 4e chant du Serviteur, où il est dit que le mystérieux personnage, dont parle le prophète, est comme un agneau conduit à l’abattoir, qui n'ouvre pas la bouche; il donne sa vie pour la multitude; il prend sur lui la misère et le péché du peuple. Ce faisant, il est agréé et béni de Dieu (Isaïe 53). Les deux images, on le voit, se complètent, pour nous dire le Christ : l’Agneau pascal et le Serviteur, préfigurant et définissant son rôle, sa Mission, qui est d’offrir sa vie en portant sur lui, dans l’humilité, les fautes et les souffrances du monde. Dans la puissance du Père, il devient l’Agneau vainqueur de la mort (Apocalypse 5). Le Père faisant de lui le Sauveur de tous, il l’établit en gloire à jamais. Il fait de lui l’époux d’une communauté immense et sainte, l’Église de la terre et du ciel, le peuple nouveau de ceux et celles qui l’accueillent dans la foi et qui font œuvre d’amour et de justice. Permettez-moi de citer le beau texte du livre de l’Apocalypse : « Alors j’entendis comme la voix d’une foule immense, comme la voix des grandes eaux… Elle proclamait : « Alléluia ! Il règne, le Seigneur notre Dieu, le Souverain de l’univers. Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l’Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure. Un vêtement de lin fin lui a été donné, splendide et pur, car le lin ce sont les œuvres justes des saints » Puis l’ange me dit : « Écris : Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » (Apocalypse 19. 6-9) Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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10 janv. 2023
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Homélie pour la Fête de l’Épiphanie du Seigneur – le dimanche 8 janvier 2023 Isaïe 60, 1-6 / Psaume 71 (72) / Éphésiens 3, 2-3a.5-6 / Matthieu 2, 1-12 Lumière jusqu’au bout du chemin! L’histoire des Mages, toujours aussi fascinante, toujours aussi passionnante! Elle nous touche, parce qu’elle ressemble tellement à ce que nous vivons, à ce que nous pouvons vivre. Ces hommes nous inspirent, eux qui, avec audace et persévérance, s‘aventurent loin de chez eux pour le bonheur de trouver Celui pour qui ils étaient partis. Ils ont ressenti un appel, ils ont vu un signe dans l’étoile qui leur est apparue. Leur long et sinueux déplacement nous intrigue pourtant. En ferions-nous autant? Qu’est-ce qui les pousse à partir aussi résolument? Quelle force? Quel instinct? D’où leur vient cet intérêt irrépressible d’aller voir le roi des juifs qui vient de naître? Qu’est-ce qu’ils pressentent de lui pour partir ainsi à sa recherche? Simple curiosité? Où prennent-ils leur souffle, leur élan, leur détermination? Qui cherche-t-il au juste? Dieu lui-même n’est-il pas en train de s’inviter dans leur vie? Sinon pourquoi se donneraient-ils tant de peines, entreprendraient-ils ce long voyage, avec le risque de ne pas trouver? Ils ne le chercheraient pas s’il ne l’avait déjà trouvé, se plairait à dire S. Augustin. Quand un jeune garçon monte dans un pommier pour saisir une pomme, c’est parce qu’il a déjà goûté au fruit de l’arbre. Il grimpe là-haut parce qu’il a faim et qu’il veut retrouver la saveur du fruit, le bonheur de le croquer à nouveau. De même si nous avons en nous le goût de Dieu. Notre quête de sa présence nous met en état de recherche. Comme Marie Madeleine retournant au tombeau, au matin de Pâques, pour retrouver Jésus le crucifié, pour le toucher, le saisir. Sa patience, sa persistance, sa souffrance lui feront trouver le Christ, le Ressuscité. Elle en pleurera de joie! Pour les Mages, on voit bien que tout le reste est une conséquence. Ils ont vu l’étoile. Ils l’ont interprété comme un appel. C’était plus fort qu’eux. Il fallait qu’ils se mettent en route. Il leur fallait aller jusqu’au bout. L’étape de Jérusalem, c’était leur chance! C’était aussi une épreuve. Ils risquaient d’y être piégés, d’être instrumentalisés par le soupçonneux roi Hérode. Ainsi en est-il pour l’étudiant qui cherche la vérité et poursuit sa réflexion. Il s’expose à son professeur, à tel influenceur qui peut le sauver ou le perdre. Il lui faut du discernement, de la docilité, une liberté intérieure et un bon maître pour penser juste et vrai. Nous avons le vertige à penser que parfois la confusion est semée plus que la vérité, que des intérêts mesquins s’interposent et mènent à la dérive. Oui, vive les vrais serviteurs de la vérité! Vive les prophètes! Vive la foi du Peuple de Dieu! Vive la Parole qui nous instruit! Qu’elle nous protège des intrigues, des déviances intellectuelles, de toutes perversions dans notre marche! Voilà le message de l’Épiphanie : chercher avec humilité la lumière pour la trouver. Chercher le Seigneur lui-même, qui depuis toujours nous attire. Nous exposer à la surprise qu’il nous fait. Il n’est pas Celui à qui nous pensions d’abord. Il n’est pas le Dieu puissant, autoritaire et sévère que nous avions imaginé. Non! Voici l’Enfant et sa Mère. Le Christ ne nous est pas donné tout seul. Il est avec Marie, sa Mère. Le Christ est humble et pauvre, petit comme nous. Il est notre Frère, Dieu avec nous! Il est venu comme un des nôtres. Sa Mère, notre Mère, nous le donne à contempler dans la joie de l’avoir trouvé et de pouvoir l’adorer, de pouvoir lui offrir nos présents et comprendre qu’il nous faudra repartir par un autre chemin, chemin de justice et d’amour, chemin d’Évangile, avec dans nos cœurs la Paix qu’il nous donne, la joie de sa présence. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, Q
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03 janv. 2023
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Homélie pour le premier janvier 2023 – Marie, Mère de Dieu Nombres 6, 22-27 / Psaume 66 (67) / Galates 4, 4-7 / Luc 2, 16-21 Conseiller-merveilleux! Dieu-fort! Prince de la Paix! Les lectures de ce dimanche sont courtes. Un spécial pour nous accommoder, alors que nous sommes tellement occupés en ce Jour! Une brièveté d’écriture qui nous livre cependant de précieux messages! Le livre des Nombres nous parle de bénédictions, celles que les prêtres en Israël prononçaient sur le peuple. C’est bien à propos pour le jour de l’An. Prenons le temps de les réentendre pour nous en imprégner pleinement. « Que le Seigneur te bénisse et te garde! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix! » Dans ces paroles qu’il nous donne, Dieu lui-même s’engage à faire du bien à ceux et celles sur qui nous implorons son Nom bienveillant. Si, au lieu de médire ou de maudire quand des gens nous dérangent et nous persécutent, nous allions les bénir avec ces mots que le Seigneur met sur nos lèvres, quel effet merveilleux s’en suivrait! Dans la lettre aux Galates, S. Paul nous rappelle à quel héritage nous pouvons aspirer : Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, pour nous racheter et nous adopter comme ses fils et ses filles. La preuve en est que l’Esprit nous tourne vers le Père pour une relation filiale qui fait de nous les héritiers de Dieu. Quel merveilleux cadeau en ce jour de l’An! L’avance d’un héritage spirituel auquel nous pouvons puiser tous les jours! L’Évangile de Luc prend la suite du récit de la Nuit de Noël. Rappelons-nous! Les bergers, veilleurs dans la nuit, avertis par un ange, n’avaient plus qu’à se hâter vers le lieu où ils découvriraient Marie et Joseph avec l’enfant couché dans la mangeoire. Quelle surprise pour Marie et Joseph de voir arriver ces gens tout excités! Quel émerveillement pour les bergers de trouver le nouveau-né tel que décrit par l’Ange! Quelle étrange coïncidence pour nous : le dénuement extrême de cette naissance et la venue soudaine de ces pauvres gardiens de moutons! L’enfant dort probablement comme tous les petits bébés naissants. Joseph fait sans doute le nécessaire pour contenir l’enthousiasme des bergers. « Marie, cependant, retenait tous ces événements, et les méditait dans son cœur. » Elle est en méditation, toute concentrée sur le Mystère auquel elle est associée si intimement. Elle est là, sereine, intériorisée, cherchant le sens de tous ces événements qui se précipitent en sa vie. Tout ce beau monde va bientôt repartir. Les bergers s’empressent d’aller dire à d’autres la merveille de cette Nativité. Marie demeure à nos yeux attentive, absorbée par son ruminement intérieur. Comme pour nous signifier ce que nous devons faire nous aussi. Nous apprenons d’elle l’attitude qui convient à notre expérience croyante : être à l’écoute, garder mémoire des bontés du Seigneur, méditer en silence sur les joies et les peines qui nous arrivent; nous rendre dociles pour avancer comme elle dans la foi; accueillir l’Enfant que la Vierge Mère nous offre à contempler, sachant que son nom veut dire le-Seigneur-sauve, et qu’il est promis à une œuvre de rédemption qui déjà s’annonce dans l’humilité de sa position présente. N’est-il pas emmaillotté et couché dans une mangeoire ? Il s’offrira un jour comme le pain qui nourrit le monde. Il sera immolé sur la croix, embrassant les souffrances de toute l’humanité, pour que, ressuscité des morts, il nous entraîne avec lui dans une Vie nouvelle. Marie reçoit à mesure dans son cœur les messages que Dieu lui donne. Suivons-la en son chemin d’obéissance, de prière et de contemplation. Mère du Christ, elle est Mère de l’Église, elle est donc aussi notre Mère, notre parfaite éducatrice en « matière » spirituelle! Je nous fais un souhait bien particulier en ce Jour de l’An : que nous fassions, chacun, chacune, en secret peut-être, de la nouvelle année qui commence, une année mariale! Je veux dire toute une année inspirée de l’attitude de Marie, disponible pour l’Enfant qui vient de naître, occupée totalement de lui. Notre-Dame nous conduira à lui. Elle nous le fera connaître de plus en plus pour qu’il nous sauve, qu’il nous apporte la Paix, et qu’il nous garde en communion avec le Père, en douce harmonie les uns avec les autres! Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, Q
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26 déc. 2022
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Homélie pour la nuit de Noël – le samedi 24 décembre 2022 Isaïe 9, 1-6 / Psaume 95 (96) / Tite 2, 11-14 / Luc 2, 1-14 Voyez le signe qui vous est donné! « Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ le Seigneur. » L’émouvant récit de la Nativité du Seigneur nous raconte une histoire tellement familière! Que peut-elle encore nous apprendre que nous ne sachions déjà? Une jeune maman qui donne naissance à son enfant dans des conditions précaires, comme tant d’autres mamans dans le monde. Joseph, son époux, ému et fier, comme tous les heureux papas du monde, qui se tient là près du tout-petit posé devant lui. Et les bergers, veilleurs dans la nuit, qui vont bientôt venir pour voir celui dont un ange leur a révélé la naissance. Nous sommes venus nous aussi à la crèche contempler l’enfant de Bethléem et accueillir comme les bergers celui dont on nous a dit qu'il était le Sauveur du monde. Mais savons-nous bien de qui il s’agit? Avons-nous mesuré l’importance de sa venue et le sens et la dignité que l’événement de sa naissance donne à notre vie? Il nous faut d'abord nous recueillir et garder silence dans la nuit où nous sommes. Veiller avec Marie, Joseph et les bergers. Ils savent mieux que nous ce qui se passe. Soyons justement comme les bergers. Eux, ils ont laissé leur troupeau pour aller voir. Laissons de côté, nous aussi, nos préoccupations, nos soucis, nos distractions, nos problèmes. Soyons pauvres et libres comme tous ceux et celles qui veulent contempler le Mystère. « Vous trouverez un nouveau-né, emmaillotté et couché dans une mangeoire. » Quel pauvre signe leur est donné pour qu’ils puissent le trouver, le reconnaître! Mais un signe combien lumineux pour nous! Le Sauveur du monde, notre Dieu lui-même, qui a pris visage et condition d’homme comme nous, tenant sa chair de notre sœur Marie, est là, emmaillotté et couché dans une mangeoire. Ainsi donc, dans cette mangeoire, au lieu de blé ou de fourrage, nous trouvons le Christ, petit enfant! Voilà le signe! Voici que déjà nous est signifiée l’Eucharistie. Voici le pain vivant que Jésus deviendra pour le monde, sa chair donnée à manger pour la vie du monde. Voilà comment il nous sauvera. Il nous révèle, dès sa naissance, qu’il est le blé qui sera jeté en terre, pour renaître et nourrir le monde. Le don de lui-même qu’il nous fait, est promis à une fécondité étonnante, immense! Une mangeoire! aussi bien y voir déjà le tombeau, où il sera un jour déposé, enveloppé d’un linceul. Le tombeau désormais vide, qui nous dit la résurrection du Christ. Déjà il nous prend avec lui pour une vie nouvelle. Voilà comment il nous sauve! Avec les regards de foi de Marie et de Joseph, avec ceux des anges et des bergers, contemplons le mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu et celui de notre Rédemption! Avec la foi des premiers disciples et des apôtres contemplons celui qui donne sa vie, qui meurt sur la croix, qui, relevé du tombeau, vit à jamais! Ressuscité des morts, il ne meurt plus, il vit avec nous, il vit en nous, dans l’attente de nous prendre avec lui dans la gloire. Noël, c’est la vérité de ce grand amour qui vient à nous et qui se donne, en fidélité à l’Alliance sainte, initiée depuis si longtemps! Dieu chez nous, en ce tout petit enfant, vient nous dire notre dignité, notre grandeur, et combien il nous aime depuis toujours et pour toujours. Frères et sœurs, portons, cette nuit, nos regards de foi sur la lumière et la révélation que Noël nous apporte! Le Christ, dès sa naissance, nous dit qui nous sommes pour lui, qui il est pour lui, qui nous sommes les uns pour les autres. Christ est venu, Christ est né! Christ a souffert, Christ est mort! Christ est ressuscité! Christ est vivant! Christ reviendra, Christ est là! Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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20 déc. 2022
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Homélie du 4e dimanche de l’Avent – 18 décembre 2022 Isaïe 7, 10-16 / Psaume 23 (24) / Romains 1, 1-7 / Matthieu 1, 18-24 Sommeil réparateur! On dit que la nuit porte conseil. C’est bien ce qui arrive à Joseph alors qu’il est aux prises avec le grave problème que l’on sait. La situation était frustrante pour lui. On l’imagine déçu, heurté dans sa fierté, scandalisé même par ce qui arrive à celle qui lui était promise pour être son épouse. La nouvelle qu’il apprend est troublante pour lui, et très intimidante pour elle. Aussitôt qu’il en est informé, le pauvre Joseph doit réagir rapidement. La situation imprévue de Marie l’oblige à prendre ses responsabilités, c’est-à-dire à faire ce que la Loi autorise et ordonne en pareilles circonstances : renvoyer la femme; rompre avec elle. Voilà ce qu’il doit faire. Mais Joseph est un homme juste. Il a du respect pour cette femme qui déjà le fascine et l’émerveille, on peut le penser. Sa tête et son cœur sont en chamaille. Le problème poursuit notre homme jusque dans son sommeil. Un sommeil réparateur cependant, et créatif, on va le voir! Nous pensons ici au mystérieux sommeil d’Adam, dont il est parlé dans le livre de la Genèse, à ce moment où le Créateur prélève une côte du corps du premier homme, pendant qu’il dort, pour en faire la femme. Les choses cette fois-ci se passent bien autrement : c’est lui, Joseph, qui sera reconstruit pendant son sommeil par la parole de l’ange. L’ange du Seigneur en effet le rassure, lui dit de ne pas s’inquiéter, de ne pas craindre de prendre Marie chez lui. Il lui ouvre alors des perspectives toutes nouvelles, bouleversantes pour sa vie conjugale et paternelle future. La même puissance qui a fait que Marie devienne enceinte de l’enfant divin dans une conception virginale, va faire changer d’idée Joseph et va l’instruire sur la mission formidable qui la sienne : être l’heureux compagnon de la nouvelle Ève qui déjà porte en elle le nouvel Adam. Dieu intervient pour sauver ce couple qui allait se défaire. Son projet est de donner au monde le Sauveur d’une humanité en détresse? C’est assez pour que Joseph lâche prise et s’abandonne au projet de Dieu sur lui. « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. » La merveille pourra se produire : Joseph permet à Dieu de venir au monde chez nous. Grâce à lui, la promesse d’un Messie, fils de David, peut s’accomplir. Il lui donnera le nom de Jésus, Dieu sauve. La bonne volonté du charpentier de Nazareth fera de lui le père adoptif de l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, Dieu chez nous. Il me semble que cette histoire nous donne des pistes pour nous orienter nous-mêmes quand nous sommes aux prises avec des situations délicates et difficiles, avec des crises à dénouer. D’abord savoir prendre le temps d’accueillir la réalité qui fait problème. Y réfléchir. Respecter le mystère des personnes impliquées. Écouter. Ne pas juger. Savoir lâcher prise et donner une chance à l’autre, même à celui ou celle qui nous parait hors-normes. Avoir d’abord le souci d’être juste (ajusté à la volonté de Dieu). Être confiant qu’en temps voulu le Seigneur saura bien se manifester comme Sauveur. Forts de la présence mystérieuse et victorieuse du Ressuscité à notre monde, nous serons capables de foi, d’espérance et d’amour, juste assez pour trouver la lumière, inventer un avenir et garder la Paix. Seigneur, tout ne va pas toujours selon nos vues et selon nos plans dans la vie. Tu nous invites pourtant à élargir sans cesse nos perspectives, à déborder nos limites souvent trop mesquines. Toi qui accompagnes nos rêves et respectes le mouvement de nos libertés, fais-nous connaître ta volonté d’amour et de salut. Guide-nous, comme tu l’as fait pour S. Joseph, vers des chemins d’humilité, de service, d’amour et de fidélité. Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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20 déc. 2022
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Homélie du 3e dimanche de l’Avent – 11 décembre 2022 Isaïe 35, 1-6a.10 / Psaume 145 (146) / Jacques 5, 7-10 / Matthieu 11, 2-11 Plein d’Amour! Plein de Joie! Le dimanche de la joie. Les vêtements roses. La vie en rose. C’est une commande liturgique, celle du 3e dimanche de l’Avent. Au programme : la joie! La joie, bien sûr, du temps des fêtes qui approche. Joie des retrouvailles anticipées. Joie de voir bientôt les jours cesser de raccourcir et de voir la nuit prendre du recul. Joie sans doute de notre quotidien confortable. Avec ses repas. Son sommeil. Son travail, sa routine. Joie de nos rencontres amicales. Joies familiales. Joies conjugales. Que de joies! à bien y penser. Si seulement nous nous donnons la peine de les vivre. D’en vivre au moins quelque unes. Prendre le temps de goûter la joie. De goûter la vie. Nos cœurs, hélas, sont souvent tristes et insatisfaits. Mais vous me direz que tout n’est pas rose dans notre monde. Nos joies sont fragiles. Éphémères. Comme Jean le Baptiste dans sa prison, nous portons de lourdes questions. Lui, Jean, il avait vu sa vie s’illuminer lors du baptême de Jésus. Il avait compris, dans un moment fulgurant de clarté, qu’il était en présence du Fils de Dieu, de l’envoyé divin qui inaugurait les temps messianiques. Sa vie en était bouleversée. Sa mission prenait donc fin, qui était d’annoncer la venue prochaine du Règne de Dieu. Le Règne de Dieu, il le voyait en ce galiléen venu à lui, Jésus de Nazareth. Or, voici que Jean est en prison, victime de la jalousie du prince Hérode qui ne tolère pas la critique, qui ne se gène pas pour éliminer ceux qui dérangent. Et Jean était celui qui dérange. Donc Jean est en prison, et il n’est plus dans la joie, non pas à cause des chaines qu’il porte, non pas à cause de la noirceur du cachot et des maltraitances qu’il subit, mais par ce qu’il entend dire au sujet de celui en qui il avait mis son espérance et sa joie. Que se passe-t-il au juste? Le vrai Messie ne devrait-il pas agir autrement? S’imposer, faire œuvre de justice et de puissance. Faire des coups d’éclat. Lever une armée. Mener des opérations de libération politique pour son peuple. Changer le monde magistralement. Et nous donnons raison à Jean, quelque part en nous-même. Que fait-il, le Seigneur? Où est-il? Pourquoi n’agit-il pas? Quel est le sens de sa venue dans le Christ? Devrions-nous en attendre un autre? Qui ferait les choses à notre manière, selon nos attentes, à courte vue peut-être, mais qu’importe? La réponse de Jésus remet les pendules à l’heure. Il n’est pas du côté de la violence, de l’impatience, du côté des grands moyens militaires, politiques, ou autres. Il se tient du côté de l’humilité, proche des petites gens, du côté de la compassion, de la miséricorde, de la douceur. Du côté de la tendresse et du cœur. Dans la simplicité des rencontres humaines. Dans le silence de la prière. Dans la joie du pardon. Dans la liberté et l’émerveillement d’un enfant. Avec Jean-Baptiste de qui nous partageons les inquiétudes, les attentes, les doutes et la souffrance, il nous faut apprendre aujourd’hui un peu plus le chemin du bonheur, le chemin de l’espérance, le chemin de la vraie joie : celle d’accueillir le Sauveur du monde comme il est, comme il se dit, comme il se donne. Les aveugles retrouvent la vue : Seigneur ouvre les yeux de mon cœur, de mon intelligence, de mon esprit, que je vois ton œuvre d’amour en train de s’accomplir! Les boiteux marchent : donne-moi d’avancer dans la vie en enfant de lumière et de paix! les lépreux sont purifiés : Seigneur, efface mes fautes, purifie mon cœur! les sourds entendent : Seigneur, que je prête attention aux cris du pauvre! les morts ressuscitent : Seigneur fais-moi vivre de ta vie! les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle : Seigneur donne-moi un cœur de pauvre pour accueillir ta présence, ton amour et ta joie! Fr Jacques Marcotte, O.P. Québec, QC
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