Homélie pour le quatrième dimanche du Carême – 14 mars 2021
2 Chroniques 36, 14-16.19-23 / Psaume 136 (137) / Éphésiens 2, 4-10 / Jean 3, 14-21
Quand sa Croix nous sauve!
L’avènement de Cyrus, roi de Perse, et son débordement en Mésopotamie apportaient la libération des peuples retenus en exil à Babylone à la suite des conquêtes du roi Nabuchodonosor. Nous sommes au milieu du 6e avant J.C. Il y a alors de l’espoir pour le peuple juif. Il pouvait enfin revenir chez lui à Jérusalem, qu’il avait dû quitter de force 50 ans plus tôt. Avec un regard de foi, on a célébré ce retour comme le fruit d’une intervention divine en faveur d’un peuple qui avait beaucoup souffert et s’était repenti de ses fautes dans l’humiliation et la grande épreuve où il s’était trouvé. C’est « le Seigneur (qui) inspira Cyrus, roi de Perse. », professe le livre des Chroniques.
Nous vivons nous aussi, en ce 4e dimanche de carême, un moment de retrouvailles après une bien longue absence qui a pesé lourd dans nos vies depuis un an. Nous avons vécu les privations et les souffrances d’un exil, un temps de purification. Le retour en assemblée liturgique plus importante est comme un baume pour nos âmes, il apporte un air de printemps. C’est une bénédiction retrouvée! Une ferveur commune et partagée nous est à nouveau possible!
L’effort des politiciens, des chefs d’état, des gens de sciences, de toute l’organisation médicale et sociale a été immense face à la pandémie. Notre effort collectif a dépassé l’ordinaire et l’habituel, et il nous a fait du bien à tous. Or on peut y voir aussi la présence et la bénédiction de notre Dieu qui nous parle en ces événements. Il nous fait signe. Il agit pour nous, avec nous. C’est lui qui fonde puissamment nos efforts humains pour les mener à terme. Lui, notre Dieu toujours fidèle, plein d’amour et de vérité!
Pendant tout ce temps, Dieu était là, non pas indifférent ou impuissant, mais compatissant. Il nous tendait la main et nous prêtait main-forte pour des témoignages de résilience, de confiance, de générosité. C’est ainsi que notre position croyante nous
invite à voir plus loin et plus grand que nos exploits humains. Il ne s’agit pas de mépriser l’effort de tant de personnes qui sont allées jusqu’à se donner héroïquement à leurs tâches. Il s’agit de reconnaître que leur contribution admirable trouve son sens et sa ressource cachée dans celui vers qui notre foi se tourne.
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. » Cette parole est au cœur de l’évangile d’aujourd’hui. Bien sûr, nous devons l’entendre d’abord du Christ que la prédication chrétienne met en lumière. Le Christ qui a fait la vérité de l’amour de Dieu. La volonté bienveillante de Dieu, il l’a exprimée, il l’a accomplie par son témoignage donné jusqu’à l’extrême de la croix. La croix devenue lumineuse d’amour, instrument rédempteur et sauveur de nos vies, dans la victoire du Ressuscité. Croix à jamais glorieuse!
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. » Cette parole nous pouvons l’entendre aussi de toute contribution humaine dans le sens du don et de l’amour. Œuvres de lumière qui attestent, à l’insu peut-être de ceux qui les posent, d’une communion avec Dieu.
Nous avions cette semaine une commémoration publique à l’Assemblée nationale, qui prenait en compte tous les deuils et les mortalités et les souffrances vécues chez nous à cause du Covid 19. Une célébration laïque, simple et solennelle, qui disait aussi la grandeur et la beauté de tant de gestes d’entraide, de services et de dévouement, dans la compétence respective de plusieurs professions. C’était pour nous, croyants, l’occasion d’y voir l’amour de Dieu à l’œuvre, un amour reflété et imprégné dans tout ce que nous avons vu et vécu. Nous avions raison d’y voir une réplique des gestes du Christ en son offrande de lui-même, la mise en lumière de l’amour du Père et la passion du Fils bien-aimé qui convergent encore et toujours vers notre humanité, pour lui faire signe, pour la relever, pour la sauver dans l’amour.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC