Homélie du 3e dimanche de l’Avent – 11 décembre 2022
Isaïe 35, 1-6a.10 / Psaume 145 (146) / Jacques 5, 7-10 / Matthieu 11, 2-11
Plein d’Amour! Plein de Joie!
Le dimanche de la joie. Les vêtements roses. La vie en rose. C’est une commande liturgique, celle du 3e dimanche de l’Avent. Au programme : la joie! La joie, bien sûr, du temps des fêtes qui approche. Joie des retrouvailles anticipées. Joie de voir bientôt les jours cesser de raccourcir et de voir la nuit prendre du recul. Joie sans doute de notre quotidien confortable. Avec ses repas. Son sommeil. Son travail, sa routine. Joie de nos rencontres amicales. Joies familiales. Joies conjugales. Que de joies! à bien y penser. Si seulement nous nous donnons la peine de les vivre. D’en vivre au moins quelque unes. Prendre le temps de goûter la joie. De goûter la vie. Nos cœurs, hélas, sont souvent tristes et insatisfaits.
Mais vous me direz que tout n’est pas rose dans notre monde. Nos joies sont fragiles. Éphémères. Comme Jean le Baptiste dans sa prison, nous portons de lourdes questions. Lui, Jean, il avait vu sa vie s’illuminer lors du baptême de Jésus. Il avait compris, dans un moment fulgurant de clarté, qu’il était en présence du Fils de Dieu, de l’envoyé divin qui inaugurait les temps messianiques. Sa vie en était bouleversée. Sa mission prenait donc fin, qui était d’annoncer la venue prochaine du Règne de Dieu. Le Règne de Dieu, il le voyait en ce galiléen venu à lui, Jésus de Nazareth.
Or, voici que Jean est en prison, victime de la jalousie du prince Hérode qui ne tolère pas la critique, qui ne se gène pas pour éliminer ceux qui dérangent. Et Jean était celui qui dérange. Donc Jean est en prison, et il n’est plus dans la joie, non pas à cause des chaines qu’il porte, non pas à cause de la noirceur du cachot et des maltraitances qu’il subit, mais par ce qu’il entend dire au sujet de celui en qui il avait mis son espérance et sa joie. Que se passe-t-il au juste? Le vrai Messie ne devrait-il pas agir autrement? S’imposer, faire œuvre de justice et de puissance. Faire des coups d’éclat. Lever une armée. Mener des opérations de libération politique pour son peuple. Changer le monde magistralement. Et nous donnons raison à Jean, quelque part en nous-même. Que fait-il, le Seigneur? Où est-il? Pourquoi n’agit-il pas? Quel est le sens de sa venue dans le Christ? Devrions-nous en attendre un autre? Qui ferait les choses à notre manière, selon nos attentes, à courte vue peut-être, mais qu’importe?
La réponse de Jésus remet les pendules à l’heure. Il n’est pas du côté de la violence, de l’impatience, du côté des grands moyens militaires, politiques, ou autres. Il se tient du côté de l’humilité, proche des petites gens, du côté de la compassion, de la miséricorde, de la douceur. Du côté de la tendresse et du cœur. Dans la simplicité des rencontres humaines. Dans le silence de la prière. Dans la joie du pardon. Dans la liberté et l’émerveillement d’un enfant.
Avec Jean-Baptiste de qui nous partageons les inquiétudes, les attentes, les doutes et la souffrance, il nous faut apprendre aujourd’hui un peu plus le chemin du bonheur, le chemin de l’espérance, le chemin de la vraie joie : celle d’accueillir le Sauveur du monde comme il est, comme il se dit, comme il se donne. Les aveugles retrouvent la vue : Seigneur ouvre les yeux de mon cœur, de mon intelligence, de mon esprit, que je vois ton œuvre d’amour en train de s’accomplir! Les boiteux marchent : donne-moi d’avancer dans la vie en enfant de lumière et de paix! les lépreux sont purifiés : Seigneur, efface mes fautes, purifie mon cœur! les sourds entendent : Seigneur, que je prête attention aux cris du pauvre! les morts ressuscitent : Seigneur fais-moi vivre de ta vie! les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle : Seigneur donne-moi un cœur de pauvre pour accueillir ta présence, ton amour et ta joie!
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC