25e dimanche du temps ordinaire – 18 septembre 2022
Amos 8, 4-7 / Psaume 112 (113) / 1 Timothée 2, 1-8 / Luc 16, 1-13
Tout pour Dieu!
Au Québec, nous sommes en campagne électorale! Un exercice qui revient tous les quatre ans. Plusieurs se passionnent pour l’issue de la lutte entre les partis. Par-delà les querelles partisanes, il faut nous assurer de mettre en place la meilleure administration possible. Il y va de notre avenir, de notre bien-être collectif.
À qui faire confiance? Quelle est l’équipe la plus apte à veiller sur nos destinées? On en discute. On y réfléchit. Les thèmes de l’heure sont complexes et nombreux : les changements climatiques et l’environnement, l’économie et les taxes, la santé et l’éducation, la culture et la langue, la justice sociale, etc. Rien n’est banal dans tout cela! On se lasse parfois d’en parler. Certains se désintéressent. D’autres sont fixés dans leur choix; ils ne se donnent pas la peine ou la chance d’une vraie remise en question. C’est bien dommage!
Or, la Parole de ce dimanche nous encourage à réfléchir. Elle nous éclaire. La foi ne fait pas de nous des êtres déconnectés. Elle a son mot à dire dans les choses humaines et politiques. Elle ne méprise rien de ce qui est humain. Elle y met simplement de l’ordre et des priorités.
La parabole du gérant malhonnête évoque justement le drame survenu dans notre gestion du domaine que le Seigneur nous avait confié. Qu’avons-nous fait de nos responsabilités? N’étions-nous pas, à l’origine, les gérants d’un riche domaine sur lequel le Seigneur nous avait établis? Or il y a eu bris de confiance. Le péché d’orgueil est survenu. Nous avons été infidèles et malhonnêtes.
Que pouvons-nous faire maintenant, sinon regagner la confiance de notre maître et Seigneur. Et c’est le Christ qui est venu nous montrer comment faire pour regagner cette confiance et notre dignité. Il a tout assumé de notre dette. Il a pris lui-même un chemin d’humilité et de renoncement. Il nous a restaurés dans une condition meilleure encore, celle de fils et de filles bien aimés d’un Père qui nous aime depuis toujours.
Dès lors pour un croyant tout a changé. Tout de notre situation prend un sens de renouvellement et de retour à l’état de grâce perdu. Nous nous devons d’avoir un regard neuf et positif sur notre monde que le mystère de l’Incarnation a sanctifié. Pas de place pour le pessimisme, le désengagement, le désenchantement, l’évasion d’un monde à transformer, à revisiter dans la grâce de la Rédemption.
Notre existence humaine se vit, comme toujours, dans la convivialité, dans les échanges de biens et de services. Le vivre ensemble oblige à une discipline et à une organisation juste et efficace pour le bien de tous et de chacun. Nous sommes chanceux, ici au Québec, de vivre dans un régime de liberté, en démocratie. Cela nous permet de nous intéresser utilement à la chose publique, d’élire – souhaitons-le – des hommes et des femmes dignes de confiance, de leur partager nos rêves, nos valeurs, notre conscience sociale, notre respect et nos attentes quant à la dimension spirituelle, transcendante et « surnaturelle » de nos vies.
Le Seigneur énonce, à la fin de l’évangile du jour, des critères de discernement : « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. » et cet autre : « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Ces critères, appliquons-les d’abord à nous-mêmes, en veillant à l’honnêteté, à la justice dans nos rapports mutuels et dans nos actions civiques. Laissons-nous travailler par l’Esprit-Saint pour être dignes de la confiance que le Seigneur nous fait et être les premiers à nous tenir debout au milieu de nos frères et sœurs humains comme d’humbles et fidèles serviteurs de tous au Nom du Seigneur. Soyons conséquents, en prenant initiative de gestes honnêtes, sincères, responsables et libres! Pour que notre témoignage parle fort; pour que notre vote soit éclairé; pour que notre prière insistante produise – grâce à Dieu – d’heureux effets sur la conduite de nos dirigeants et la vie de nos communautés.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, Q