Homélie du 4e dimanche du carême – 19 mars 2023
La Parole de Dieu nous a d’abord raconté la merveilleuse histoire de l’élection de David, le petit dernier de la famille de Jessé. Celui à qui on confiait la garde des moutons pendant que les « plus grands », avec leur père, étaient à la maison pour accueillir Samuel. Or les yeux du prophète ne s’arrêtent sur aucun d’eux. Le Seigneur ne regarde pas aux apparences. C’est le plus petit, le plus humble qu’il choisit, David, celui qu’on allait oublier.
Dans l’Évangile nous retrouvons un de ces petits, un mendiant, aveugle de naissance. Il vivait tranquillement son infirmité, voué qu’il était à la mendicité. Voici que Jésus entre dans sa vie, sans même l’avertir! Il vient au-devant de son besoin. Et nous savons l’histoire : de la boue sur ses yeux, la piscine où l’homme va se laver et le miracle qui se produit! Le récit nous rapporte la réaction des gens autour : leurs commentaires et leur étonnement. L’homme est tiraillé entre ses voisins, ses parents, les pharisiens et autres juifs. On s’étonne. On se tait. On se défile.
Guéri de sa cécité, le mendiant ne peut que célébrer la lumière dans laquelle il baigne maintenant. Ses réponses sont simples. Elles témoignent de sa condition nouvelle. Il a une force, une simplicité, un courage qui nous le rendent crédible et sympathique.
Le profil du miraculé et son histoire ressemblent à ce que nous vivons, au plan spirituel et social, comme disciples du Christ. Nous sommes illuminés de la foi de l’Église par la grâce du baptême. Dans la mesure où cette réalité remplit notre âme et toute notre vie, nous en rendons témoignage; nous sommes dès lors exposés aux commentaires des gens : ils s’étonnent, ils s’émerveillent peut-être; parfois ils nous contestent et nous condamnent. Ils s’en prennent à Celui qui nous a aimés et transformés, et qui nous associe à son Mystère.
En réalité, la Vie nouvelle dont nous sommes gratifiés n’est pas facile à vivre. Les épreuves ne nous manquent pas. Elles font de nous svt des incompris, des étrangers. Viennent parfois le rejet et de l’isolement. C’est pourquoi il fait bon retrouver la présence mystérieuse de celui qui nous a guéris. L’expérience ineffable, dans l’obscure clarté de la foi, d’une rencontre personnelle où nous touchons le Christ en sa Pâques et son Eucharistie, pour lui dire : « Je crois, Seigneur », et nous prosterner devant lui.
Les sacrements nous sont ainsi donnés en Église pour nous convertir davantage au Seigneur, nous rapprocher de lui. Pour l’accueillir en nos cœurs, pouvoir l’imiter, le suivre. Lui, il n’arrête pas de veiller sur nous. Sa présence nous redit la paix, la tendresse de Dieu, son amitié indéfectible. Nous n’avons pas à craindre. Déjà il nous mène ailleurs, au temps de Pâques, au lieu béni de sa victoire sur le mal et sur la mort. Il est vivant. Il est Le Vivant. Il a pouvoir sur les ténèbres, lui seul peut nous en délivrer.
Seigneur, donne-nous cette tranquille assurance de l’aveugle-né, guéri et recréé par toi, dont l’Évangile nous parle aujourd’hui. Que nous sachions être fidèles comme lui à la lumière dont tu nous as rendu capables! Continue de nous guider pour un témoignage humble et puissant à la vérité de ton Salut, dans nos personnes et dans l’Église où tu nous rassembles, et dans le monde vers qui tu nous envoies pour en témoigner.