Homélie du 5e dimanche de Pâques – samedi 6 mai 2023
Actes 6, 1-7 / Psaume 32 (33) / 1 Pierre 2, 4-9 / Jean 14, 1-12
Chemin, Vérité, Vie !
Notre attention s’était d’abord portée sur le Ressuscité. C’était le Jour de Pâques! Comme les premiers disciples, nous avions en mémoire la passion, la mort et la mise au tombeau du Seigneur. Nous avons avec eux trouvé le tombeau vide au matin de Pâques. Sans le voir, nous avons cru! Et voici qu’il nous a visités au soir du premier jour. Nous avons vu et touché ses plaies glorieuses avec Thomas. Nous avons pu contempler dans la foi le Christ vainqueur du péché et de la mort. C’était le deuxième dimanche de Pâques!
Avec les disciples d’Emmaüs, le Christ nous a rejoints sur nos routes de tristesse et de doute. Voici qu’il nous accompagnait en chemin et nous réchauffait le cœur de sa Parole. La fraction du pain nous a donné son corps et son sang en nourriture pour notre joie. C’était le troisième dimanche! Le Christ vivant s’est ensuite révélé comme la porte de la bergerie qui s’ouvre pour livrer passage et liberté aux brebis. En vrai berger, il prend soin de nous. Il nous conduit vers les biens du Royaume, pour une vie en abondance. C’était le message de dimanche dernier!
Aujourd’hui, le Seigneur continue de nous instruire. Il nous rappelle ce qu’il disait le soir de la dernière cène. C’était juste avant qu’il soit arrêté, puis traduit devant les autorités qui allaient le condamner et le faire mourir sur la croix. C’était le sombre moment où on ne dit que les choses importantes et essentielles. Les disciples étaient bouleversés. Jésus s’efforce de les rassurer. Il les invite à croire en lui comme ils croient en Dieu. C’est pareil, en effet, de croire en lui et de croire dans le Père. Puisque lui et le Père ne font qu’un. Jésus s’en explique longuement. Avec des mots qui parlent d’avenir, il encourage ses disciples. Il ne va pas les décevoir ni les abandonner. Dans la mesure où ils croiront en lui, ils pourront accéder à la place qu’il leur prépare dans la maison du Père. C’est ainsi que le Christ nous dit le rôle qu’il joue pour nous : rien de moins que de nous donner accès « à demeure » auprès du Père. Là une place nous attend, où nous pourrons goûter le vrai bonheur. Douze fois le mot Père est prononcé dans cette page d’Évangile. Une insistance
significative! Tout ça pour que nous n’ayons pas peur. Comme lui-même il n’a pas peur quand il parle de son départ vers le Père et de son retour. D’ailleurs Jésus leur révèle qu’il est déjà avec le Père. Que le Père est avec lui. Ce mouvement vers le Père dont Jésus parle n’est pas physique et matériel. Déjà en sa personne, Jésus est en communion parfaite avec le Père. C’est ainsi qu’il est CHEMIN vers lui, qu’il est VÉRITÉ sur lui, qu’il VIT de lui, parce qu’il est engendré de toute éternité par lui.
Cette conversation, où Thomas et Philippe posent des questions un peu naïves, permet à Jésus de nous parler du Mystère de Dieu : Père, fils et Esprit. Pour nous aider à comprendre, faisons une comparaison : c’est comme un père et une mère, unis d’amitié et animés d’une pensée commune à l’égard de leur enfant. Ils œuvrent de concert pour lui apporter une présence bienfaisante. Du coup, ils le rassurent, l’apaisent, le construisent! Quel heureux effets d’harmonie et de paix se produisent alors chez leur enfant. Avec Dieu, cette disposition d’amour et de concertation est poussée à la perfection sans que rien ne soit perdu de la liberté du Père et du Fils. Une parfaite communion les unit, qui est l’Esprit-Saint. Comme c’est rassurant pour nous de savoir cela, et d’en profiter! Comme c’est « édifiant » pour nos vies personnelles et communautaires. Nous sommes conduits par le Fils à la source du bonheur, dans la lumière de la Vérité. Parce qu’il fait en son être le pont entre nous et le Père, et que le Père et Lui tendent vers nous de l’Amour dont nous vivons.
Sans tout comprendre et sans même en mesurer toutes les conséquences, faisons confiance au projet d’amour du Seigneur Jésus et marchons vers lui, et en lui, vers le Père. Christ est Chemin, Vérité, Vie. Il est dans le Père et le Père est en lui. Voici que nous sommes déjà en Dieu, si nous vivons selon sa loi d’amour, si les valeurs de l’Évangile inspirent notre présence auprès de nos frères et sœurs, si « nous aimons comme il nous a aimés ».
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC