Homélie du 4e dimanche de l’Avent – 18 décembre 2022
Isaïe 7, 10-16 / Psaume 23 (24) / Romains 1, 1-7 / Matthieu 1, 18-24
Sommeil réparateur!
On dit que la nuit porte conseil. C’est bien ce qui arrive à Joseph alors qu’il est aux prises avec le grave problème que l’on sait. La situation était frustrante pour lui. On l’imagine déçu, heurté dans sa fierté, scandalisé même par ce qui arrive à celle qui lui était promise pour être son épouse. La nouvelle qu’il apprend est troublante pour lui, et très intimidante pour elle.
Aussitôt qu’il en est informé, le pauvre Joseph doit réagir rapidement. La situation imprévue de Marie l’oblige à prendre ses responsabilités, c’est-à-dire à faire ce que la Loi autorise et ordonne en pareilles circonstances : renvoyer la femme; rompre avec elle. Voilà ce qu’il doit faire.
Mais Joseph est un homme juste. Il a du respect pour cette femme qui déjà le fascine et l’émerveille, on peut le penser. Sa tête et son cœur sont en chamaille. Le problème poursuit notre homme jusque dans son sommeil. Un sommeil réparateur cependant, et créatif, on va le voir!
Nous pensons ici au mystérieux sommeil d’Adam, dont il est parlé dans le livre de la Genèse, à ce moment où le Créateur prélève une côte du corps du premier homme, pendant qu’il dort, pour en faire la femme. Les choses cette fois-ci se passent bien autrement : c’est lui, Joseph, qui sera reconstruit pendant son sommeil par la parole de l’ange. L’ange du Seigneur en effet le rassure, lui dit de ne pas s’inquiéter, de ne pas craindre de prendre Marie chez lui. Il lui ouvre alors des perspectives toutes nouvelles, bouleversantes pour sa vie conjugale et paternelle future.
La même puissance qui a fait que Marie devienne enceinte de l’enfant divin dans une conception virginale, va faire changer d’idée Joseph et va l’instruire sur la mission formidable qui la sienne : être l’heureux compagnon de la nouvelle Ève qui déjà porte en
elle le nouvel Adam. Dieu intervient pour sauver ce couple qui allait se défaire. Son projet est de donner au monde le Sauveur d’une humanité en détresse? C’est assez pour que Joseph lâche prise et s’abandonne au projet de Dieu sur lui. « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. » La merveille pourra se produire : Joseph permet à Dieu de venir au monde chez nous. Grâce à lui, la promesse d’un Messie, fils de David, peut s’accomplir. Il lui donnera le nom de Jésus, Dieu sauve. La bonne volonté du charpentier de Nazareth fera de lui le père adoptif de l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, Dieu chez nous.
Il me semble que cette histoire nous donne des pistes pour nous orienter nous-mêmes quand nous sommes aux prises avec des situations délicates et difficiles, avec des crises à dénouer. D’abord savoir prendre le temps d’accueillir la réalité qui fait problème. Y réfléchir. Respecter le mystère des personnes impliquées. Écouter. Ne pas juger. Savoir lâcher prise et donner une chance à l’autre, même à celui ou celle qui nous parait hors-normes. Avoir d’abord le souci d’être juste (ajusté à la volonté de Dieu). Être confiant qu’en temps voulu le Seigneur saura bien se manifester comme Sauveur. Forts de la présence mystérieuse et victorieuse du Ressuscité à notre monde, nous serons capables de foi, d’espérance et d’amour, juste assez pour trouver la lumière, inventer un avenir et garder la Paix.
Seigneur, tout ne va pas toujours selon nos vues et selon nos plans dans la vie. Tu nous invites pourtant à élargir sans cesse nos perspectives, à déborder nos limites souvent trop mesquines. Toi qui accompagnes nos rêves et respectes le mouvement de nos libertés, fais-nous connaître ta volonté d’amour et de salut. Guide-nous, comme tu l’as fait pour S. Joseph, vers des chemins d’humilité, de service, d’amour et de fidélité.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC