Homélie pour la Veillée pascale – Année B – 3 avril 2021
Lettre de Saint Paul aux Romains 6, 3b-11 / Psaume 117 / Saint Marc 16, 1-7
De la peur à la confiance! De l’absence à la Présence!
D’où venait-il? Qui était-il? Ce jeune homme vêtu de blanc, assis dans le tombeau, à droite? Les femmes en ont peur. Elles qui viennent de bonne heure prendre soin du corps de Jésus, au petit matin de leur empressement, de leur amitié pour ce Jésus qu’elles ont vu mourir dans les pires atrocités. Voici que son corps n’est plus là où elles ont pourtant vu qu’on l’y avait déposé. Le tombeau est ouvert! L’énorme pierre qui le tenait fermé a été roulée! Qui a roulé la pierre et libéré ainsi l’entrée du tombeau? Tout cela est-il bien réel? Ça n’est pas normal! À bon droit les femmes s’inquiètent et sont terrifiées, elles qui sont venues rendre au corps de Jésus les soins qu’elles lui devaient.
« Ne soyez pas effrayées! » leur dit le jeune homme tout de blanc habillé. Il est calme. Rien d’énervé ni de bizarre dans sa voix. Seulement le pur témoignage d’une bonne nouvelle, incroyable, extraordinaire! « Le crucifié que vous cherché? Jésus de Nazareth? Il n’est pas ici! Il est ressuscité. Voyez l’endroit où il était. » Je suis ici pour vous dire et bien vous montrer qu’il n’est plus ici. Il est ailleurs. Il est vivant. C’est en Galilée que vous pourrez le voir. « Dites-le aux autres, aux disciples, à Pierre lui-même. »
Pourquoi en Galilée? De quelle Galilée parle-t-il? Et qui est-il ce jeune homme pour nous parler ainsi avec cette tranquille assurance? Réussira-t-il à calmer les femmes apeurées? À leur donner foi dans l’annonce qu’il leur fait? Elles qui cherchent en vain leur Jésus parmi les morts.
Et si ce jeune homme, c’était chacun de nous, baptisé, confirmé, habillé de blanc, sanctifié dans le Jour nouveau et le Soleil de l’Esprit de Vie? Si nous étions déjà ressuscités avec notre Sauveur et ami, passés nous-mêmes de la mort du péché à la vie de la grâce? Si notre mission était de témoigner du Christ Vivant auprès de ceux et celles qui le cherchent, de leur donner rendez-vous avec Lui en Galilée, en ces lieux où ils sont
chaque jour. Lieux de leurs travaux, de leurs loisirs, de leurs projets, de leurs amours. Dans le quotidien des petits bonheurs et des peines.
Jésus nous avait dit qu’il n’allait pas nous abandonner. Il tient parole! Il se montre dans la puissance de sa résurrection à qui veut le voir dans le jour nouveau, le monde nouveau des retrouvailles vécues en son Nom.
Que sont devenues Marie de Madgdala, Marie, mère de Jacques, et Solomé? Comment ont-elles surmonté leur frayeur? Absorbé le choc d’une pareille nouvelle? Par quelles hésitations ont-elles passé? Par quelle transition? Il fallait leur donner le temps de se ressaisir. Plus besoin de leurs aromates et de leurs parfums! Il leur fallait laisser-là leur cuvette et leurs linges, et courir, courir à en perdre le souffle, vers Pierre et les autres. Leur porter la nouvelle et prendre part, elles aussi, à la rencontre du Ressuscité. Lui parler. L’embrasser. Nourrir leur foi de sa Parole, de son pain de vie, de l’espérance en sa venue glorieuse. S’habiller le cœur et l’âme de blancheur et de lumière, se laisser embraser du feu de sa charité.
Plus rien ne pouvait être pareil maintenant pour elles. Mortes avec lui sur la croix, mises au tombeau avec lui, elles vivaient désormais dans le Jour nouveau de la Foi, vivantes pour Dieu dans le Christ, notre ami, notre frère, notre Sauveur, Lui le premier ressuscité d’entre les morts pour que tous nous vivions de lui.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC